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- Entretien avec Time : une communication orchestrée
- Un appel que la Chine réfute
- La stratégie des tarifs : la pression économique continue
- Enjeux et considérations géopolitiques

Entretien avec Time : une communication orchestrée
Pour marquer les 100 jours de son second mandat présidentiel, Donald Trump a accordé un entretien au magazine américain Time. Dans cet échange publié vendredi matin, Trump a affirmé que son homologue chinois, Xi Jinping, l’avait personnellement contacté, en pleine escalade des tensions commerciales entre Pékin et Washington.
Interrogé sur une éventuelle initiative de sa part, Trump a nié catégoriquement : « Non. » Lorsqu’on lui a demandé si Xi l’avait appelé, il a répondu : « Oui, il m’a appelé. Et je ne considère pas cela comme un signe de faiblesse de sa part. »
Le président américain a ensuite développé une analogie économique :
« Je suis ce gigantesque magasin, un magnifique magasin. Tout le monde veut y faire ses courses. J’en suis le propriétaire pour le peuple américain. Je fixe les prix. Si vous voulez y accéder, voici ce que vous devez payer. »
Cette rhétorique, typique du style Trumpien, vise à présenter les États-Unis comme une puissance économique incontournable.
Un appel que la Chine réfute
Quelques minutes après la publication de l’entretien, le ministère chinois des Affaires étrangères a publié sur son compte officiel X.com une déclaration sans ambiguïté :
« La Chine et les États-Unis ne mènent AUCUNE consultation ou négociation sur les tarifs douaniers. Les États-Unis doivent cesser de créer de la confusion. »
Guo Jiakun, porte-parole du ministère, a renforcé ce message en qualifiant les affirmations américaines de « fausses informations ». Cette réaction témoigne de la volonté de Pékin de contrôler strictement la communication externe dans un contexte de tensions exacerbées.
Les experts notent que dans la culture diplomatique chinoise, admettre un appel pourrait être perçu comme un aveu de faiblesse, ce qui expliquerait en partie la fermeté du démenti officiel.
La stratégie des tarifs : la pression économique continue
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a imposé une augmentation spectaculaire des droits de douane sur les produits chinois, portant certains taux jusqu’à 145 %. L’objectif affiché est double : réduire le déficit commercial américain et forcer la Chine à réviser ses politiques industrielles, notamment sur les transferts de technologie forcés et les subventions aux entreprises d’État.
Selon l’économiste Chad Bown de l’institut Peterson (PIIE), ces nouvelles sanctions risquent de ralentir encore davantage une économie chinoise déjà fragilisée par la crise immobilière et la baisse de la consommation intérieure.
La stratégie américaine, bien qu’agressive, reste risquée : l’histoire des précédentes guerres commerciales montre que l’escalade tarifaire peut se retourner contre ses instigateurs.
Enjeux et considérations géopolitiques
Cette nouvelle tension sino-américaine s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large :
- Rapprochement stratégique sino-russe : Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, Pékin et Moscou ont renforcé leurs liens, notamment via des accords énergétiques et militaires.
- Course technologique mondiale : Les restrictions américaines sur les semi-conducteurs et les technologies sensibles visent à freiner l’ascension technologique chinoise.
- Tensions en mer de Chine méridionale : Pékin multiplie les démonstrations de force, tandis que Washington renforce ses alliances avec le Japon, l’Australie et les Philippines.
Dans ce climat, chaque déclaration publique, chaque rumeur d’appel téléphonique, chaque hausse tarifaire peut avoir des conséquences économiques et militaires majeures.
« Toute négociation sur les tarifs est perçue comme un bras de fer diplomatique. Admettre un dialogue, même informel, revient à reconnaître l’existence d’un rapport de forces. » — Dr. Alice Ekman, analyste Chine, IFRI
Trump, fidèle à sa stratégie de communication offensive, maintient l’ambiguïté sur la réalité de ses échanges avec Xi Jinping, tout en laissant ouverte la possibilité d’un futur accord :
« Je vous informerai en temps voulu. Voyons si nous pouvons conclure un accord. »
Sources complémentaires
- Peterson Institute for International Economics (PIIE)
- Brookings Institution
- Carnegie Endowment for International Peace
- Center for Strategic and International Studies (CSIS)
- Institut français des relations internationales (IFRI)