Une baisse de libido persistante, une communication affective difficile ou une hypersensibilité au toucher pourraient bien avoir des origines insoupçonnées. De plus en plus d’experts alertent sur l’impact méconnu du TDAH et de l’autisme dans la sphère intime du couple, en particulier à l’approche de la cinquantaine.
Lorsqu’un couple partage la même routine depuis des années, il est normal que la passion initiale se transforme. Mais dans les cas où l’un des partenaires est neuroatypique — porteur de traits du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou du spectre de l’autisme —, ces transformations peuvent s’amplifier de manière inattendue.
Selon le Pr Tony Attwood, professeur à l’université Griffith en Australie et spécialiste de l’autisme, les manifestations émotionnelles et sensorielles liées à la neurodivergence prennent une ampleur particulière à la ménopause. Des études montrent que les femmes autistes ou atteintes de TDAH sont jusqu’à 60 % plus sensibles aux bouleversements hormonaux associés à cette période de la vie.

1. Une chute de désir sexuel asymétrique
La “disparité de désir” — lorsque l’un des partenaires souhaite davantage de rapports sexuels que l’autre — est fréquente à l’âge mûr. Chez les femmes autistes, le rapport à la sexualité peut suivre un schéma cyclique : un investissement intense au début de la relation, suivi d’un désintérêt progressif une fois que l’acte sexuel est perçu comme “accompli”.
Côté TDAH, l’effet est souvent inverse : une hypersexualité initiale, suivie d’une perte d’intérêt liée à la distraction constante.
Solutions proposées
- Faire de la sexualité un “centre d’intérêt” volontaire.
- Introduire des éléments de nouveauté (kink, lieux inédits…).
- Organiser un “sommet du sexe” pour exprimer ses besoins.
2. Une difficulté à exprimer ses désirs
La communication non verbale — gestes, regards, soupirs — peut poser problème. Elle est souvent mal interprétée ou ignorée chez les personnes autistes.
Astuce recommandée
Utiliser la méthode du “hand gliding” : guider doucement la main de son partenaire sans parler, afin d’indiquer ses préférences de manière non verbale et bienveillante.
3. L’hypersensibilité sensorielle comme barrière
Les personnes neurodivergentes sont souvent hypersensibles à la lumière, aux bruits, aux textures, voire aux odeurs corporelles naturelles du partenaire. Ces sensibilités peuvent nuire à la spontanéité des moments intimes.
Recommandations
- Identifier les déclencheurs sensoriels (odeurs, bruits, tissus…).
- Adapter l’environnement (éclairage doux, draps confortables…).
- Redéfinir la notion d’intimité selon ses propres codes.
4. L’incapacité à se mettre dans l’ambiance
Chez les femmes atteintes de TDAH, la charge mentale et les distractions multiples compliquent l’accès au désir sexuel. La concentration nécessaire pour ressentir de l’excitation peut manquer.
Techniques proposées
- Pratique de la respiration synchronisée à deux.
- Méditation et “warm-up” émotionnel avant l’acte.
- Regarder son partenaire dans les yeux pendant le rapport pour maintenir l’attention.
5. L’hypersensibilité au rejet
Le Rejection Sensitivity Dysphoria (RSD) est fréquent chez les personnes atteintes de TDAH ou d’autisme. Une remarque anodine peut être vécue comme une agression, ce qui crée un climat de tension constante.
Clé d’amélioration
- Reconnaître ses propres déclencheurs émotionnels.
- Créer un espace de parole neutre pour exprimer ses ressentis.
- Pratiquer des “relectures” de disputes pour clarifier les intentions.
La neurodivergence dans un couple n’est pas un frein à la sexualité. Elle exige simplement de repenser les codes, de cultiver l’écoute mutuelle et de sortir des modèles standards. La diversité neurologique est aussi une richesse lorsqu’elle est comprise et partagée.
À voir : comprendre l’impact du TDAH et de l’autisme sur les relations intimes
Cette vidéo offre un éclairage complémentaire sur la manière dont les troubles neurodéveloppementaux influencent la sexualité, avec des conseils concrets et des témoignages précieux.
Sources complémentaires :
Dr. Tony Attwood – Autism and Intimacy