- Le cercle rapproché : une histoire de loyautés et d’intérêts
- L’écosystème discret des « Musk Boys »
- SpaceX : un géant à l’abri des regards
- Des commissions juteuses pour les initiés
- Le marché privé : une forteresse contre la transparence
- Une architecture d’influence silencieuse
- Sources
Le cercle rapproché : une histoire de loyautés et d’intérêts
Depuis plus de vingt ans, Antonio Gracias, fondateur de Valor Equity Partners, entretient une relation étroite avec Elon Musk. Noëls en famille, vacances privées dans les Bahamas ou le Wyoming : une proximité rarement vue entre un entrepreneur et ses financiers.
Cette amitié a été extraordinairement lucrative. Selon des documents publics et judiciaires, Gracias a investi dans quasiment toutes les entreprises majeures de Musk : Tesla, SpaceX, The Boring Company, Neuralink, xAI.
Mais cette relation dépasse aujourd’hui le simple investissement : elle est devenue un outil d’accès marchandisé au plus grand empire technologique privé des États-Unis.
L’écosystème discret des « Musk Boys »
Gracias n’est pas seul. Il fait partie d’un groupe restreint surnommé par certains initiés les « Musk Boys ». Parmi eux :
- Justin Fishner-Wolfson, ancien analyste chez Founders Fund et fondateur de 137 Ventures.
- Luke Nosek, co-fondateur de PayPal et investisseur historique de SpaceX.
- Josh Berman, entrepreneur associé à plusieurs opérations secondaires autour de SpaceX.
Tous partagent une philosophie commune : accumuler du pouvoir économique tout en échappant au maximum au regard public.
Selon plusieurs sources proches du dossier, ces acteurs facilitent l’accès à des parts de SpaceX et de xAI en échange de frais substantiels, renforçant une économie parallèle invisible pour l’investisseur moyen.
« Ces structures ne sont pas seulement là pour générer du rendement. Elles sont conçues pour verrouiller l’écosystème autour de Musk. Ceux qui détiennent les parts deviennent dépendants de sa réussite, renforçant ainsi sa position en dehors de tout contrôle public. » — Ancien conseiller en capital-risque.

SpaceX : un géant à l’abri des regards
SpaceX est aujourd’hui estimée à plus de 180 milliards de dollars, un poids financier comparable à certaines grandes banques américaines.
Pourtant, contrairement à ces dernières, SpaceX n’a jamais publié un seul bilan complet destiné au public.
Starlink, sa constellation de satellites internet, est devenue une infrastructure quasi stratégique, utilisée à la fois par des civils et par l’armée américaine. Ce double usage — civil et militaire — confère à SpaceX un rôle d’acteur para-étatique, renforcé par son opacité financière.
Des commissions juteuses pour les initiés
Valor Equity Partners, en vendant pour 1 milliard de dollars de parts de SpaceX et xAI, facture aux investisseurs des frais à deux chiffres en cumulé (frais d’entrée, de gestion et de succès).
Ces marges massives permettent à Antonio Gracias, mais aussi aux banques partenaires, de capter une part importante de la richesse générée par Musk — sans jamais dépendre des marchés publics.
Un cercle vertueux réservé aux initiés, totalement inaccessible au citoyen ordinaire.
Le marché privé : une forteresse contre la transparence
SpaceX, Neuralink, xAI : aucune de ces entités n’est soumise aux obligations de transparence des entreprises cotées.
Un expert en droit financier explique :
« C’est un génie stratégique : Musk a construit un empire public-privé dont il contrôle la narration, l’accès, et la gouvernance. Ceux qui veulent investir doivent passer par ses amis et payer un prix fort pour le privilège. »
Derrière cette architecture, certains observateurs discernent une stratégie plus large : réduire progressivement l’espace d’influence des régulateurs américains dans les secteurs clés de demain — spatial, intelligence artificielle, infrastructure numérique.
Une architecture d’influence silencieuse
Au-delà des profits immédiats, le modèle révèle une approche plus profonde : créer un écosystème de loyauté économique autour de Musk, où chacun a intérêt à protéger son image publique et ses ambitions industrielles.
En multipliant les investissements croisés entre SpaceX, xAI, Tesla, et d’autres entités satellites, les membres du « cercle Musk » verrouillent ainsi l’accès aux prochaines révolutions technologiques, tout en profitant d’un niveau d’impunité rarement vu dans l’histoire du capitalisme américain.
Si ce modèle se généralise, il pourrait marquer l’avènement d’un nouveau type de dynastie industrielle, où le contrôle ne passe plus par la propriété publique ou politique, mais par l’accès restreint à des plateformes d’influence économique totale.
Sources
- Pulliam, S., Driebusch, C., & Peterson, B. (2025). A Side Hustle for Friends of Musk: Selling Access to Stakes in His Private Companies, The Wall Street Journal.
- Bloomberg News (2025). Private Markets, Public Risks: The Growing Shadow Economy of Tech Giants.
- U.S. Securities and Exchange Commission (2024). Report on Private Company Transparency and Risks to Public Markets.
- ProPublica (2025). Mapping the Rise of Private Tech Empires: How Influence Moves Without Scrutiny.