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Table des matières
- Des installations controversées au large de la Corée du Sud
- La position officielle de la Chine
- La stratégie du fait accompli et de la « zone grise »
- Précédents en mer de Chine méridionale
- Les réactions internationales et les risques géopolitiques
Des installations controversées au large de la Corée du Sud
De récentes images satellites obtenues par le centre de surveillance maritime sud-coréen et analysées par le think-tank Center for Strategic and International Studies (CSIS) montrent que la Chine a érigé plusieurs structures métalliques dans une zone disputée de la mer Jaune. Ces installations seraient constituées d’anciennes plates-formes pétrolières européennes recyclées.
Situées à proximité des plateformes chinoises Shenlan-1 et Shenlan-2, ces structures se trouvent dans une zone de chevauchement entre les zones économiques exclusives (ZEE) de la Chine et de la Corée du Sud, une région cruciale pour les échanges commerciaux, les pìheries et la navigation militaire.
Depuis 2001, un accord bilatéral interdit formellement toute construction d’infrastructure permanente dans cette « zone de mesures provisoires ». La création de telles structures constituerait donc une violation manifeste de cet accord.

La position officielle de la Chine
Face aux protestations de Séoul, la Chine, par la voix de son porte-parole diplomatique Guo Jiakun, a assuré que ces installations servent uniquement de « soutien à l’aquaculture » et qu’elles sont « conformes au droit international« .
« La construction ne contrevient pas à l’accord sur la pìhe conclu avec la Corée du Sud. La Chine est disposée à renforcer le dialogue pour résoudre les différends », a déclaré Guo Jiakun.
Pourtant, plusieurs incidents ont été rapportés par la chaîne publique sud-coréenne KBS, indiquant que des navires de la garde côtière chinoise auraient empêché l’accès aux bateaux d’inspection sud-coréens.
La stratégie du fait accompli et de la « zone grise »
Cette approche correspond à ce que les experts en géopolitique appellent une stratégie de « zone grise » : une activité semi-légale visant à modifier lentement le statu quo territorial sans provoquer de conflit armé direct.
Selon une étude du Center for a New American Security (CNAS), la Chine utilise de plus en plus les tactiques de « salami slicing » pour créer des situations de « fait accompli », en construisant des infrastructures civiles dans des zones sensibles, puis en les militarisant progressivement.
Jaewoo Choo, chercheur à l’Institut coréen de recherche sur la sécurité nationale, prévient :
« C’est une stratégie clandestine pour revendiquer nos eaux inch par inch et affaiblir la coopération militaire américano-coréenne. »
Précédents en mer de Chine méridionale
Le scénario actuel rappelle celui de 2014, lorsque la Chine avait installé une plate-forme de forage pétrolier dans la zone économique vietnamienne dans l’archipel disputé des Paracels. Sous pression internationale et face à des heurts maritimes, elle avait retiré la plateforme un mois plus tôt que prévu.
Des événements similaires incluent la construction de bases sur des îles artificielles dans les Spratleys, ainsi que l’installation de bouées de surveillance dans la ZEE japonaise, prétextant une fonction météorologique.
L’Institut national d’études stratégiques des États-Unis (INSS) souligne que ces actions visent à créer des « faits territoriaux » exploités ensuite dans les négociations diplomatiques.
Les réactions internationales et les risques géopolitiques
Na Kyung-won, membre du Parlement sud-coréen, a appelé à une « réaction ferme et immédiate » :
« Si nous n’agissons pas dès maintenant, la Chine transformera progressivement la mer Jaune en une extension de ses eaux territoriales. »
Le ministère britannique des Affaires étrangères, par la voix de David Lammy, a exprimé ses « préoccupations » face aux « activités déstabilisatrices » de la Chine en mer de Chine méridionale et appelé au « respect du droit international ».
Par ailleurs, l’ONU et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont réaffirmé leur soutien au respect de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM).
La situation actuelle illustre ainsi un test de volonté pour la communauté internationale : ignorer ces faits accomplis pourrait encourager des revendications plus agressives à l’avenir.
Sources :
- KBS World Radio
- Financial Times
- Asia Maritime Transparency Initiative (CSIS)
- Center for a New American Security (CNAS)
- Nations Unies – Droit de la mer