Gaza : Chronique d’une manipulation et de ses ricochets européens

À New York, Emmanuel Macron a officialisé hier la reconnaissance française de l’État palestinien. Le geste, porté par l’émotion internationale, s’inscrit dans une séquence où le Hamas pratique une stratégie de manipulation psychologique : faire de la souffrance des civils un levier politique. En France et en Europe, l’onde de choc va des hôtels de ville sommés de retirer des drapeaux jusqu’aux débats sur des réparations historiques au Royaume-Uni.

Hier à l’ONU : le pari d’Emmanuel Macron entre émotion et « conditions » non satisfaites

Le président français a endossé un rôle moteur au siège des Nations unies, co-convocateur d’un sommet avec l’Arabie saoudite, en annonçant que la France reconnaît l’État palestinien. Ce mouvement s’est déroulé dans le sillage d’autres annonces occidentales (notamment Royaume-Uni, Canada, Australie, Portugal), tout en assumant une ligne politique : pousser une issue politique et, à terme, isoler le Hamas. Dans le même temps, le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu a répliqué que ces reconnaissances « ne lieront pas Israël », rejetant la démarche occidentale. (Reuters)

« Reconnaître la Palestine ne signifie pas oublier les otages », a martelé l’exécutif français ces derniers jours, alors que les captifs demeurent aux mains du Hamas.

Fait politique notable : une large majorité de Français reste opposée à une reconnaissance avant la libération des otages et la reddition du Hamas — 71 % selon l’Ifop pour le Crif. Cette dissonance entre émotion internationale et prudence nationale place l’Élysée sur une ligne de crête.

La méthode Hamas : le peuple comme écran, l’image comme contrainte

À Gaza, la stratégie du Hamas superpose implantation urbaine, confusion entre sites civils et militaires, et guerre de l’image. La conséquence est double : sur le terrain, la population est clouée; à l’international, l’émotion est orchestrée. Pendant que les États débattent, les corps s’empilent — et la souffrance devient argument.

Le 22 août, l’OMS et le réseau IPC ont confirmé pour la première fois l’état de famine dans le gouvernorat de Gaza, avec extension projetée vers le centre de l’enclave (analyse IPC). Ces bulletins techniques, loin des slogans, décrivent une mécanique de privations et d’accès humanitaire entravé qui nourrit une indignation globale — et impose une pression diplomatique continue sur les capitales occidentales.

« À Gaza, la souffrance n’est plus seulement un fait : elle est devenue une grammaire politique ».

Dans ce dispositif, la peur est un outil de contrôle. Le 22 septembre, des autorités dirigées par le Hamas ont procédé à des exécutions publiques de Palestiniens accusés de « collaboration ». Images à l’appui : des hommes agenouillés, yeux bandés, abattus. Le message est limpide : dissuasion par la terreur, discipline par l’exemple.

L’Europe sous pression : de l’émotion publique aux décisions d’État

La mécanique est connue : les images produisent l’émotion, l’émotion alimente la rue, la rue pèse sur les gouvernements. Plusieurs pays occidentaux ont ainsi officialisé la reconnaissance (voir analyse Reuters). En France, la tension symbolique s’est matérialisée quand des mairies ont hissé le drapeau palestinien : l’Intérieur a rappelé la neutralité des bâtiments publics et enjoint aux préfectures d’y veiller.

En parallèle, le débat sur l’efficacité de ces reconnaissances fait rage : partisans d’une « pression politique » contre l’impasse militaire, opposants dénonçant un « prix » offert au Hamas sans contrepartie tangible sur les otages, la sécurité d’Israël et la réforme de l’Autorité palestinienne.

« La diplomatie sait parler à la souffrance ; elle peine à lui donner des garanties ».

Après la reconnaissance : au Royaume-Uni, l’ombre de vastes réparations

À Londres, la reconnaissance n’a pas seulement une portée symbolique : elle judiciarise le passé. Une coalition de requérants palestiniens, soutenue par les King’s Counsel Ben Emmerson et Danny Friedman, a remis au gouvernement britannique une pétition juridique de plus de 400 pages (*Britain Owes Palestine*) détaillant des « violations du droit international » sous le Mandat britannique (1917-1948). Parmi les plaignants figure l’homme d’affaires et philanthrope Munib al-Masri. Les demandes mêlent excuses officielles, reconnaissance des torts et indemnisations.

Si les montants maximaux évoqués dans le débat public relèvent d’extrapolations, l’architecture juridique esquissée est, elle, bien réelle : reconnaissance politique → recevabilité accrue de griefs historiques → contentieux potentiellement massifs (expropriations, pertes, préjudices) à capitaliser sur un siècle. Les juridictions britanniques devront bientôt dire ce qui relève du droit, et ce qui ressort de l’Histoire.

« Reconnaître, c’est aussi ouvrir la porte du prétoire : quand l’Histoire entre au tribunal, elle ne ressort jamais indemne ».

Contrechamps : sécurité d’Israël, otages, réforme palestinienne

La séquence diplomatique n’a pas éteint la guerre. Benjamin Netanyahu a rejeté les reconnaissances occiden­tales, promettant qu’« un État palestinien ne naîtra pas » sous pression. (Reuters) Côté français, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a défendu que la reconnaissance visait à « condamner le Hamas et à le marginaliser politiquement », tout en réaffirmant la nécessité d’un cadre de sécurité et d’un rôle renforcé d’une Autorité palestinienne réformée. (Reuters)

Nœud central : les otages. Leur captivité continue d’entraver toute désescalade durable. Sur le terrain, Gaza demeure ravagée, et les bulletins IPC/OMS décrivent une réalité sanitaire qui ne se corrige pas au rythme des déclarations.

Conclusion : lucidité sur une manipulation psychique mortifère

Nommer les choses n’est pas insensibilité ; c’est un devoir. À Gaza, la souffrance civile est devenue un instrument : elle nourrit la compassion des opinions, incline des gouvernements, déplace des lignes diplomatiques. Cette manipulation psychique — où la peur et la famine s’agrègent aux exécutions publiques — ne peut être éludée si l’on veut comprendre la dynamique qui a conduit, hier, Emmanuel Macron à un geste historique que nombre de Français auraient voulu conditionnel.

Reste l’essentiel : la protection effective des civils, la libération des otages, une gouvernance palestinienne redevable — et des garanties de sécurité pour Israël. Sans ces socles, la reconnaissance risque de n’être qu’un symbole de plus, tandis qu’en Europe, les fractures sociales se creusent au rythme d’une guerre qui, au-delà des bombes, se joue d’abord dans les esprits.

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