La Banque mondiale à genoux face au retour de Trump : entre prudence et lâcheté

Sudan Crisis," "IDA Funding," and "Global Aid Cuts"
Sudan Crisis," "IDA Funding," and "Global Aid Cuts"

Alors que le retour de Donald Trump sur la scène internationale bouleverse les équilibres géopolitiques et financiers, une institution reste étonnamment silencieuse : la Banque mondiale. Son président, Ajay Banga, ancien PDG de Mastercard, semble préférer l’aplatissement tactique à la confrontation morale. Une stratégie peut-être compréhensible sur le plan diplomatique… mais lourde de conséquences humanitaires.

Quand les grandes institutions se font petites

Dans une visioconférence préparatoire aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, Ajay Banga s’est contenté d’un monologue convenu, suivi de quelques questions filtrées. Aucune prise de position forte, aucun appel au sursaut. Une attitude d’autant plus déconcertante que l’actualité ne manque pas de drames à dénoncer. Le conflit au Soudan, que les Nations unies qualifient de “plus grande crise humanitaire actuelle”, a déjà fait plus de 150 000 morts.

En face, les pays du Golfe tergiversent. L’Occident coupe dans ses budgets d’aide publique au développement. Et la Banque mondiale… temporise.

“L’aide n’est qu’un outil temporaire” : vraiment ?

Lors de sa prise de parole, Banga a justifié le recul de l’aide internationale par les “contraintes budgétaires” de l’Occident. Et d’ajouter que “l’aide est une méthode temporaire”. Une formule technocratique qui masque mal une forme de résignation — ou de calcul politique.

Car derrière cette prudence se profile un enjeu colossal : le refinancement de l’IDA (Association internationale de développement), bras armé de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres. Il faudra convaincre les États-Unis — et donc la Maison Blanche trumpienne — de s’engager à hauteur de 80 à 85 milliards de dollars. D’où ce silence stratégique ?

Quand l’Histoire bégaie : Banga, Powell et les équilibristes face à Trump

Jay Powell, président de la Réserve fédérale, a adopté une tactique similaire : ignorer les invectives de Trump et s’en remettre à la Constitution. À Bruxelles, on avance masqué. À Londres, on cherche l’accord commercial. Tous marchent sur des œufs.

Mais la Banque mondiale n’est pas une institution comme les autres. Créée pour reconstruire le monde après la guerre, elle a une vocation morale autant qu’économique. Ses anciens dirigeants — de Robert McNamara à James Wolfensohn — n’hésitaient pas à prendre position, à alerter, à dénoncer. Aujourd’hui, la parole s’est asséchée, et le cœur semble absent.

Europe : de la couardise à la diplomatie feutrée

La frilosité de Banga résonne étrangement avec celle de plusieurs chancelleries européennes. À Paris, à Berlin, à Londres, on préfère le silence aux postures. Un héritage de la Realpolitik ? Peut-être. Mais ce choix a un prix : celui du renoncement à incarner un ordre mondial fondé sur le droit, la solidarité et la responsabilité.

À titre de comparaison :

  • En 2003, Dominique de Villepin s’opposait frontalement à la guerre en Irak, au Conseil de sécurité. Une parole forte, rare, mais historique.
  • En 2015, l’UE portait haut les valeurs de l’aide humanitaire après le tremblement de terre au Népal ou la crise des réfugiés syriens.
  • Aujourd’hui, les budgets sont là. Les urgences aussi. Mais la voix ? Elle s’est tue.

La vraie question : peut-on “gérer Trump” sans trahir les plus vulnérables ?

Ajay Banga ne veut pas heurter l’administration Trump, ni effaroucher les Républicains du Congrès. Il mise sur la diplomatie feutrée pour éviter un retrait brutal des États-Unis du système multilatéral. Mais ce pragmatisme devient cynisme lorsqu’il implique le sacrifice silencieux de millions de vies humaines.

À quoi bon préserver les institutions si elles cessent d’être des boussoles morales ?

Le monde n’a pas besoin d’un gestionnaire de fonds. Il a besoin d’un leader. L’Histoire jugera la Banque mondiale non sur ses prudences, mais sur ses absences.


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