État de siège à Los Angeles : des émeutes éclatent après les raids anti-migrants ordonnés par Trump

Waymo a désormais suspendu tous ses services dans et autour des zones de protestation assiégées afin de protéger le reste de sa flotte. Chaque robotaxi autonome est estimé à environ 150 000 dollars.
Waymo a désormais suspendu tous ses services dans et autour des zones de protestation assiégées afin de protéger le reste de sa flotte. Chaque robotaxi autonome est estimé à environ 150 000 dollars.

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Ce dimanche 8 juin 2025 restera comme une date sombre dans l’histoire récente des États-Unis. En plein cœur de Los Angeles, des milliers de manifestants se sont insurgés contre les raids migratoires lancés par le président Donald Trump, transformant la ville en un champ de bataille. Waymo, la filiale de Google spécialisée dans les véhicules autonomes, a vu plusieurs de ses robotaxis incendiés. La Freeway 101 a été entièrement bloquée. Les autorités locales dénoncent une « militarisation de la crise », tandis que le président parle d’un « soulèvement insurrectionnel à écraser ».

Une femme hurle alors que les forces de l’ordre forment un mur face aux manifestants.
Une femme hurle alors que les forces de l’ordre forment un mur face aux manifestants.

Chronologie des événements

  • Vendredi 6 juin : l’ICE mène une opération dans plusieurs quartiers de Los Angeles. 118 migrants arrêtés, selon le Department of Homeland Security.
  • Samedi 7 juin : premières manifestations dans Compton et Paramount. Les images se répandent sur les réseaux sociaux. Les tensions montent.
  • Dimanche 8 juin, matin : Trump annonce l’envoi de 2 000 soldats de la Garde nationale et 500 Marines en réserve. Déploiement supervisé par Kris Kobach, secrétaire adjoint à la sécurité intérieure, et Pete Hegseth, secrétaire à la Défense.
  • Dimanche après-midi : le centre-ville de LA est paralysé. La Freeway 101 est bloquée par plus de 2 000 personnes. Des voitures Waymo sont incendiées. Des manifestants brandissent des drapeaux mexicains et des effigies de Trump décapité.
  • Dimanche soir : affrontements violents à Temple Street, Alameda, Civic Center. Déploiement de munitions « non létales » par la LAPD. Des dizaines d’arrestations.
Waymo a désormais suspendu tous ses services dans et autour des zones de protestation assiégées afin de protéger le reste de sa flotte. Chaque robotaxi autonome est estimé à environ 150 000 dollars.
Waymo a désormais suspendu tous ses services dans et autour des zones de protestation assiégées afin de protéger le reste de sa flotte. Chaque robotaxi autonome est estimé à environ 150 000 dollars.

Un conflit qui dégénère en guerre urbaine

La situation a rapidement dégénéré en véritable guérilla urbaine. Selon le LAPD, les manifestants ont utilisé des blocs de béton, des cocktails Molotov improvisés, et des projectiles lancés depuis les ponts. Les autorités ont riposté par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, qualifiant certains rassemblements d’« assemblées illégales ». La scène était digne d’un film dystopique : des véhicules en feu, des cris en espagnol et en anglais, et des soldats casqués encadrant des manifestants furieux.

Des journalistes indépendants comme Cam Higby ont rapporté que des manifestants tiraient sur la police avec des frondes. Des vidéos diffusées par ProPublica montrent également l’utilisation de barricades artisanales composées de meubles, bennes à ordures et vélos de location.

Ils criaient « brûle, brûle, brûle » alors que les voitures partaient en flammes.
Ils criaient « brûle, brûle, brûle » alors que les voitures partaient en flammes.

Trump, Newsom, Harris : bras de fer institutionnel

Au cœur du conflit, une lutte d’influence entre Washington et Sacramento. Le président Trump a qualifié les émeutiers de « criminels étrangers », ajoutant sur Truth Social : « L.A. doit être libérée de l’invasion des illégaux. Ces émeutes prouvent que la déportation doit s’accélérer. »

De son côté, le gouverneur Gavin Newsom a dénoncé une « provocation militaire » de la part de la Maison Blanche. Dans une conférence tenue dimanche soir, il a affirmé : « Nous avions le contrôle. Ce sont les troupes fédérales qui ont mis le feu aux poudres. »

L’ancienne vice-présidente Kamala Harris s’est jointe aux critiques : « Ce n’est pas ainsi qu’on gouverne. C’est une démonstration de force destinée à diviser. »

Dans un communiqué, la Garde nationale a toutefois défendu son intervention, précisant que sa mission visait à « sécuriser les zones d’intervention de l’ICE ». Le porte-parole, le colonel Brian T. Harrell, a ajouté : « Nos troupes n’interfèrent pas avec les manifestants pacifiques. Elles protègent les agents fédéraux. »

Les images des violences montrent un homme brandissant un drapeau mexicain tandis que des flammes s’élèvent d’un véhicule Waymo en feu
Les images des violences montrent un homme brandissant un drapeau mexicain tandis que des flammes s’élèvent d’un véhicule Waymo en feu

Qui sont les acteurs clés du chaos ?

Plusieurs figures émergent dans ce brasier politique :

  • Rosa Méndez, activiste migrante basée à Pasadena, ancienne porte-parole de United We Dream, devenue figure centrale des rassemblements anti-ICE.
  • Tom Homan, conseiller spécial immigration de Trump, ancien directeur de l’ICE, connu pour ses déclarations controversées sur les « villes sanctuaires ».
  • Colonel Adam Palomino, commandant de terrain de la Garde nationale pour le secteur Los Angeles-Ouest.
  • Sarah Vaughn, analyste juridique pour l’ACLU Californie, qui dénonce une « violation des droits constitutionnels ».

Conclusion : vers une dérive autoritaire ?

L’usage de la force armée dans une métropole américaine contre des manifestants soulève une question grave : les États-Unis sont-ils en train de franchir une ligne rouge ? Le Posse Comitatus Act de 1878 limite théoriquement le déploiement de l’armée sur le sol américain. Or, le président semble ici s’affranchir de toute retenue institutionnelle.

Pour le professeur Lawrence Tribe (Harvard), « si ces interventions deviennent la norme, on s’éloigne d’une démocratie libérale vers un régime autoritaire sous tension ». La ville de Los Angeles devient ainsi le miroir grossissant d’un pays profondément divisé, où l’immigration n’est plus seulement une question de politique publique, mais de fracture existentielle.


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