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- Une crise ouverte entre Ben & Jerry’s et Unilever
- Menaces sur la Ben & Jerry’s Foundation
- Les fondateurs contre-attaquent
- Une stratĂ©gie orchestrĂ©e pour neutraliser l’activisme ?
- En France : un impact potentiel sur l’image de la marque

Une crise ouverte entre Ben & Jerry’s et Unilever
Le diffĂ©rend entre Ben & Jerry’s et sa maison-mère Unilever a franchi un nouveau cap explosif.
Depuis son rachat en 2000 pour 326 millions de dollars, la cĂ©lèbre marque de glaces revendiquait une autonomie militante. Mais aujourd’hui, Unilever tente de reprendre le contrĂ´le, jugeant l’activisme de la marque trop « radical » et « clivant » pour ses autres activitĂ©s.
Selon Reuters, les tensions se sont exacerbĂ©es après l’arrĂŞt volontaire des ventes de glaces en Cisjordanie occupĂ©e en 2021, initiative qui avait enflammĂ© le dĂ©bat international.
Unilever, confrontĂ© Ă des risques rĂ©putationnels et financiers, semble dĂ©sormais prĂŞt à « nettoyer » Ben & Jerry’s de son ADN politique.
Menaces sur la Ben & Jerry’s Foundation
Dans une démarche perçue comme une punition financière, Unilever menace de couper sa contribution annuelle de 5 millions de dollars à la Ben & Jerry’s Foundation.
Cette fondation indépendante finance depuis 1985 des causes sociales progressistes telles que Migrant Justice ou Black Workers Matter.
Un audit express est exigé. En cas de non-conformité, les financements seraient tout simplement supprimés.
Une manière de forcer la marque à « rentrer dans le rang », en muselant ses soutiens historiques.
« Unilever tente d’étouffer la voix de Ben & Jerry’s pour protéger ses propres intérêts commerciaux », résume un analyste cité par CNN.
Les fondateurs contre-attaquent
Ben Cohen et Jerry Greenfield, fondateurs historiques et figures cultes de la marque, ne comptent pas se laisser faire.
Ă€ 74 ans, Cohen tente de racheter l’entreprise pour la libĂ©rer de l’emprise d’Unilever, comme l’a confirmĂ© une enquĂŞte du Wall Street Journal.
Ben Cohen, militant engagĂ© contre la surincarcĂ©ration et fondateur du groupe Stamp Stampede (campagne pour sortir l’argent de la politique), a toujours vu Ben & Jerry’s comme un outil d’activisme Ă©conomique.
Il affirme aujourd’hui :
« Les affaires doivent servir la justice sociale, pas juste le profit. »
Jerry Greenfield, quant Ă lui, continue de soutenir l’activisme progressiste via diverses fondations locales aux États-Unis.
Une stratĂ©gie orchestrĂ©e pour neutraliser l’activisme ?
De nombreux indices laissent penser Ă un plan structurĂ© pour neutraliser Ben & Jerry’s :
- Licenciement ciblé : David Stever, CEO engagé, viré brutalement sans ménagement.
- Coupure financière : menace de suppression de la Ben & Jerry’s Foundation.
- Blocage politique : interdiction interne de commenter les élections présidentielles de 2024.
Tout indique qu’Unilever souhaite « standardiser » Ben & Jerry’s pour l’intégrer sans risque à son projet de fusion de ses marques de glaces sous une future entité unique à Amsterdam.
Un article du Guardian confirme que les interventions d’Unilever ont suivi directement les protestations pro-palestiniennes soutenues par la marque.
« Si nous ne reprenons pas le contrĂ´le, Ben & Jerry’s finira comme n’importe quelle autre marque sans âme. » — Ben Cohen
En France : un impact potentiel sur l’image de la marque
En France, Ben & Jerry’s bénéficie d’une image positive, notamment pour son engagement environnemental et solidaire.
Mais cette crise pourrait affecter cette réputation.
Selon France Info, plus de 70 % des consommateurs français attendent des entreprises une posture éthique, mais ils sont aussi sensibles aux soupçons de manipulation marketing.
Une instrumentalisation de Ben & Jerry’s par Unilever pourrait ĂŞtre perçue comme une trahison de ses valeurs fondatrices.