Fonction publique : salaires d’élèves, embauches en hausse, pantouflage


1. Pourquoi ce dossier est explosif

Trois réalités, un même scandale : des élèves fonctionnaires rémunérés pendant leurs études, des effectifs de l’État toujours en hausse en 2026, et un projet de décret pour « fluidifier » les départs vers le privé — autrement dit faciliter le pantouflage. Le tout sans transparence globale, sans tableau de bord public, et avec une facture finale pour les contribuables qui ne cesse d’enfler. Pendant que des familles paient plein pot le supérieur (et que 26 % des étudiants travaillent pour survivre), l’appareil d’État subventionne ses propres élèves, crée des postes et organise la sortie vers le privé. C’est assumé ? Non. C’est expliqué ? Jamais. C’est soutenable ? Certainement pas.


2. Élèves fonctionnaires payés : un privilège verrouillé

Dans environ 70 écoles de service public (INSP, ENS, ENM, X, ENAC, ENSAE, École des Chartes…), les élèves sont fonctionnaires stagiaires rémunérés pendant toute la scolarité. Exemple concret : à l’École des Chartes, une vingtaine d’admis perçoivent environ 1 250 € nets/mois pendant près de quatre ans — plus d’1 million d’euros par an à l’échelle d’une promotion, avant même la première journée productive. On promet une « contrepartie » : servir l’État quelques années, sinon rembourser. Dans les faits ? Engagements hétérogènes, contrôles défaillants, remboursements partiels. Le système protège les insiders, pas l’intérêt général.


3. Coûts cachés, retraites et avancement : la note grimpe en silence

Ce n’est pas « seulement » une masse salariale étudiante. La scolarité compte aussi pour l’avancement et la retraite. Autrement dit : on empile des droits futurs sans publication d’un coût consolidé par école, par ministère, par cohorte. Pas d’open data, pas de suivi public, pas d’évaluation indépendante. Pendant ce temps, dans le privé, des familles alignent des factures lourdes et des étudiants cumulent jobs et partiels. Où est l’équité ? Où est la mesure ? Où est la redevabilité ?


4. Effectifs 2026 : encore + d’agents malgré les promesses

On nous vend des « économies » ; on achète des postes supplémentaires. Les documents budgétaires font état d’un solde d’ETP positif pour l’État l’an prochain, avec des créations importantes à l’Éducation nationale, à la Justice, à l’Intérieur et aux Armées. Quelques suppressions chez les opérateurs ? Oui. Mais le solde global reste en hausse. Résultat : l’État promet la sobriété et accélère pourtant la machine à normes, à embauches et à dépenses — avec la dette en bonus.


5. Pantouflage : un décret taillé pour ouvrir les vannes

Le ministère de la Fonction publique a un texte « prêt » pour assouplir la réintégration après cinq ans de disponibilité dans le privé. Objectif officiel : « fluidifier les mobilités ». Traduction : simplifier les allers-retours État–entreprises, avec tous les risques de conflits d’intérêts que cela implique si les garde-fous sont mollassons. Sans carence obligatoire, sans publicité intégrale des avis déontologiques, sans registre public des missions, c’est la porte ouverte à une capture de l’État par quelques filières bien connectées.


6. Chiffres clés à retenir

  • ~70 écoles où les élèves sont payés pendant leurs études (statut, salaire, droits à retraite/avancement).
  • ~1 250 € nets/mois par élève typique ; une promotion à l’École des Chartes = +1 M€ par an de rémunérations.
  • Solde d’ETP 2026 positif pour l’État : créations nettes dans les ministères régaliens malgré des coupes chez des opérateurs.
  • Projet de décret « mobilité » : réintégration assouplie après 5 ans — sans garanties strictes, le risque déontologique explose.

7. Réformes concrètes à exiger

7.1. Transparence totale : chiffres ou fermeture des vannes

Publication annuelle obligatoire en open data : rémunérations d’élèves, engagements de service, taux réels de remboursement, droits d’avancement et de retraite acquis. Sans chiffres vérifiables, pas de promotions financées.

7.2. Engagements exécutoires : servir ou rembourser

Barème uniforme et opposable pour toutes les écoles ; recouvrement automatique en cas de départ anticipé ; contrôle indépendant ; publication des taux par cohorte.

7.3. Règle d’or sur les effectifs : neutralité à masse salariale constante

Toute création de poste dans un ministère prioritaire = extinction ou transfert équivalent ailleurs, sauf vote dérogatoire chiffré. Tableau de bord semestriel, mission par mission, accessible au public.

7.4. Mobilité responsable : carence, traçabilité, sanctions

Carences obligatoires dans les secteurs sensibles ; publication des avis déontologiques ; registre public des allers-retours avec description des missions ; sanctions dissuasives en cas de manquement.


Sources utiles

* Acteurs publics — Décryptages budgétaires et effectifs.
* École nationale des Chartes — Formation et statut des élèves.
* INSP — Formations de la haute fonction publique.
* Insee — Étudiants, emploi, finances publiques.

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