« Le Royaume-Uni? Un Eldorado pour les migrants » : la France accuse le Brexit d’avoir déclenché la crise migratoire

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Éléonore Caroit

Alors que les traversées illégales de la Manche atteignent des records historiques, une voix éminente de la majorité présidentielle française, Éléonore Caroit, jette un pavé dans la mare. Qualifiant le Royaume-Uni d’« Eldorado » pour les migrants, la députée accuse ouvertement Londres d’alimenter la crise par une politique d’asile jugée trop permissive. Cette sortie fracassante met en lumière les conséquences structurelles du Brexit, l’impuissance juridique des forces françaises, et l’absence de coordination européenne. Analyse d’un dossier explosif.

📌 Ce qu’il faut retenir

  • La députée macroniste Éléonore Caroit accuse le Royaume-Uni d’attirer les migrants par sa politique d’asile « très faible ».
  • Les traversées clandestines de la Manche ont augmenté de 42 % en un an, avec plus de 14 800 migrants recensés début juin.
  • Le Brexit a supprimé la possibilité pour Londres de renvoyer les migrants en Europe via le règlement Dublin.
  • Malgré 480 millions de livres d’aides britanniques, les forces françaises n’interceptent que 38 % des embarcations.
  • Un cadre juridique empêche les policiers français d’agir une fois les canots à l’eau.
  • Les populismes se nourrissent de cette impasse bilatérale sur les deux rives de la Manche.

Une déclaration qui fissure l’axe franco-britannique

Invitée à s’exprimer sur la crise migratoire actuelle, Éléonore Caroit, vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, n’a pas usé de périphrases : « Oui, le Royaume-Uni est aujourd’hui un Eldorado pour les migrants. » Une déclaration qui, venant d’une proche d’Emmanuel Macron, marque un tournant politique.

« Tant que le Royaume-Uni ne change pas les conditions d’accueil, les bateaux continueront à partir. » — Éléonore Caroit

Les propos, rapportés par le journal Le Monde, font suite à une série de critiques de députés britanniques sur l’inefficacité des forces françaises. Pourtant, en mai 2025, seuls 13 % des migrants ont été interceptés avant d’embarquer, malgré une présence policière renforcée sur les plages de Gravelines et d’Oye-Plage.

Le Brexit, fracture politique devenue crise migratoire

Depuis le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, le règlement Dublin n’est plus applicable. Londres ne peut plus renvoyer un migrant vers le premier pays européen traversé. Aucune alternative n’a été signée dans le cadre des accords du Brexit, et selon la politiste Catherine Wihtol de Wenden, « cette absence d’accord fait exploser les flux à destination du Royaume-Uni. »

Les chiffres sont sans appel : selon le Home Office britannique, 14 811 migrants ont traversé illégalement la Manche entre janvier et mai 2025, soit une progression de 42 % par rapport à 2024. Cette situation est directement liée à ce que certains analystes nomment une « brèche institutionnelle post-Brexit ».

« Le Brexit a supprimé les garde-fous juridiques. Le Royaume-Uni est devenu un cul-de-sac institutionnel. » — François Héran, sociologue

Un financement britannique peu efficace sur le terrain

Depuis 2022, Londres finance un programme d’assistance de 480 millions de livres sur trois ans pour aider la France à mieux surveiller son littoral. Pourtant, le taux d’interception français chute : 47 % en 2023, contre seulement 38 % en 2025 selon un rapport confidentiel de la préfecture maritime du Nord-Pas-de-Calais.

La raison ? Une impuissance juridique. Dès qu’un canot pneumatique quitte la plage, les forces de l’ordre françaises sont dans l’impossibilité d’intervenir sans enfreindre la réglementation maritime. « C’est absurde et intenable », tranche Caroit.

« Nos policiers regardent les bateaux partir, impuissants. Cette image est insupportable. » — Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit

Vers une réforme du droit d’intervention littoral ?

Plusieurs élus, à commencer par Jean-Philippe Tanguy (RN), demandent la modification urgente du cadre juridique. Un consensus rare semble émerger, du Rassemblement national jusqu’aux écologistes, pour redonner aux forces de l’ordre un pouvoir d’action en zone de faible profondeur.

Mais la question reste entière : sans accord bilatéral ou européen pour rétablir une chaîne juridique de retour des migrants, la France restera un territoire de transit vers un Royaume-Uni toujours perçu comme une destination accessible et tolérante. Pour Aurélien Taché (Écologiste), « l’Europe paie le prix de l’égoïsme britannique et du manque de vision des 27 ».

Crise humanitaire, carburant politique

Ce chaos migratoire nourrit une polarisation politique inquiétante. Au Royaume-Uni, les partis conservateurs agitent l’épouvantail de l’« invasion illégale ». En France, les images de départs non empêchés alimentent la rhétorique sécuritaire. Dans les deux cas, l’inaction diplomatique attise les discours extrémistes.

À quelques mois des élections européennes, la pression monte. Comme le résume Michel Rocard dans un entretien posthume souvent cité : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part. » L’heure est venue de redéfinir ce que signifie réellement cette « part » — et avec qui la porter.

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