« Ils ont fait une erreur », a déclaré Donald Trump à propos d’une frappe russe qui a coûté la vie à 34 civils à Sumy. Pendant ce temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky parle d’« ordures détraquées » et invite Trump à venir constater les conséquences sur le terrain.
1. Une frappe qui transcende le champ de bataille
Le 13 avril 2025, deux missiles balistiques Iskander-M frappent le centre de la ville ukrainienne de Sumy. Le bilan est dramatique : au moins 34 morts, dont des enfants, et 117 blessés. Les missiles ont détruit des infrastructures civiles : bus, commerces, appartements, une université et un tribunal.
Les images relayées par les agences ukrainiennes montrent des cadavres sous des bâches, des véhicules en feu, et des habitants en larmes. Les secouristes déblayent les décombres d’un trolleybus où des victimes sont restées prisonnières. La frappe, intervenue en plein dimanche des Rameaux, résonne comme un symbole de profanation morale.
2. La réaction de Trump : prudence calculée ou déni volontaire ?
De retour à Washington, Donald Trump déclare : « C’est une chose horrible. On m’a dit qu’ils avaient fait une erreur. » Sans désigner formellement la Russie, il évoque une « erreur » sans préciser de qui elle émane. Cette déclaration, délibérément vague, contraste fortement avec les propos tranchants de Volodymyr Zelensky, qui parle d’acte terroriste.
« Seuls des ordures détraquées peuvent faire ça. » — Zelensky
Trump insiste que la guerre n’aurait jamais eu lieu s’il était resté président, tout en valorisant la rencontre récente de son émissaire Steve Witkoff avec Vladimir Poutine.
3. Zelensky : diplomatie par l’image et appel à la réalité
Dans une interview donnée à CBS sur le lieu d’une frappe précédente ayant tué 9 enfants, Zelensky appelle Trump à visiter l’Ukraine. « Avant toute décision ou négociation, venez voir les hôpitaux, les églises, les enfants morts », lance-t-il. Il exprime sa haine pour Vladimir Poutine et prévient que son ambition impériale pourrait entraîner une guerre mondiale.
« Il n’y aura aucun endroit sûr. » — Zelensky
Son message : sans pression ferme, la Russie poursuivra ses crimes. Il appelle à traiter Moscou comme un État terroriste.
4. Une onde de choc européenne et mondiale
Les capitales occidentales réagissent avec indignation :
- Emmanuel Macron parle de « mépris total pour la vie humaine ».
- Keir Starmer se dit « consterné ».
- Giorgia Meloni dénonce un acte « lâche ».
- Ursula von der Leyen parle de « dimanche des Rameaux sanglant ».
- Friedrich Merz parle de « crime de guerre délibéré ».
La frappe suscite aussi un choc moral profond : en s’attaquant à des civils un jour de fête religieuse, la Russie viole un tabou universel.
5. Aspects stratégiques et lecture militaire
Selon le GUR, les missiles utilisés étaient des Iskander-M/KN-23. Ces engins sont précis et à double ogive. Leur usage contre des cibles civiles témoigne soit d’une volonté de terreur, soit d’une défaillance intentionnelle de ciblage.
La ville de Sumy, frontalière de la Russie, est stratégique : elle fut l’une des premières régions envahies en février 2022. Sa résilience est symbolique, et sa vulnérabilité actuelle inquiète Kyiv.
6. Analyse : pourquoi cette frappe est un tournant diplomatique
a) Sur le plan moral :
Elle rompt le fragile espoir d’accalmie autour des discussions engagées par l’envoyé américain Witkoff. Elle rappelle que toute tentative de paix doit s’accompagner de garanties sur la responsabilité des crimes de guerre.
b) Sur le plan médiatique :
La frappe a créé une tempête informationnelle. Elle place Trump dans une posture inconfortable : celle d’un médiateur qui semble minimiser un crime de guerre.
c) Sur le plan européen :
Des voix comme celle de Radoslaw Sikorski (Pologne) accusent Moscou de se moquer ouvertement de la « bonne volonté » de Trump.
7. Enjeux à venir
- Quelle conséquence pour les discussions de paix ?
- L’opinion publique américaine acceptera-t-elle la neutralité apparente de Trump face à de telles horreurs ?
- L’Europe va-t-elle durcir sa ligne contre la Russie ?
La frappe de Sumy, par sa violence et sa symbolique, pourrait bien constituer un tournant. Non seulement militaire, mais surtout moral.
Comme en 1937 à Guernica ou en 1995 à Srebrenica, certaines attaques deviennent des ruptures historiques. Celle du 13 avril 2025 à Sumy en a toutes les caractéristiques.
