WASHINGTON | Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping ont débuté leur entretien téléphonique jeudi, a annoncé la Maison-Blanche, mais il reste à savoir si cette conversation pourra désamorcer les tensions croissantes entre les deux pays au sujet de Taïwan et du commerce.
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C’est le cinquième sommet virtuel entre les deux responsables depuis que M. Biden est devenu président il y a un an et demi, mais la défiance mutuelle entre la Chine et les États-Unis devient de plus en plus difficile à cacher.
Pékin et Washington sont déjà en conflit au sujet du commerce. Les deux puissances mondiales s’opposent maintenant à cause de Taïwan.
«Les tensions autour du comportement agressif et coercitif de la Chine dans l’Indo-Pacifique» seront à l’ordre du jour, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.
Dernier motif de frictions en date: un possible voyage de la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan.
La Chine estime que l’île est l’une de ses provinces historiques qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste du pays.
Opposée à toute initiative qui donnerait aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, elle est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres États.
Bien que des responsables américains se rendent fréquemment à Taïwan, Pékin considère qu’un voyage de Mme Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’État américain, serait une provocation majeure.
Washington devra «assumer toutes les conséquences» de cette visite potentielle, que Mme Pelosi n’a pas encore confirmée, a averti Pékin mercredi.
Le général Mark Milley, le chef d’état-major américain, a déclaré à la presse que si Nancy Pelosi demandait «un soutien militaire», alors il ferait «le nécessaire pour assurer une conduite en toute sécurité» de ses affaires.
«Garde-fous»
Les tensions autour de ce voyage ne sont qu’une partie du problème. Les responsables américains craignent que le président Xi ne soit en train de réfléchir à l’usage de la force pour imposer son contrôle à Taïwan.
Autrefois considérée comme improbable, une invasion, ou une autre forme d’action militaire, est de plus en plus considérée par les observateurs comme possible.
Les déclarations contradictoires de Joe Biden sur Taïwan – il a dit en mai que les États-Unis défendraient l’île, avant que la Maison-Blanche n’insiste sur le fait que la politique d’» ambiguïté stratégique» n’avait pas changé – n’ont pas aidé.
Bien que le président américain se targue d’une relation étroite avec M. Xi, les deux hommes ne se sont pas encore vus depuis qu’il a pris ses fonctions, en grande partie à cause des restrictions liées au Covid.
Selon la Maison-Blanche, le principal objectif de M. Biden est d’établir des «garde-fous» pour les deux superpuissances.
Il s’agit d’éviter un conflit ouvert en dépit de leurs différends et de leur rivalité géopolitique.
M. Biden «veut s’assurer» que soient ouvertes «les lignes de communication avec le président Xi sur toutes les questions, qu’il s’agisse de questions sur lesquelles nous sommes d’accord ou de questions sur lesquelles nous avons des difficultés importantes, qu’ils puissent toujours prendre le téléphone et se parler l’un à l’autre franchement», a dit M. Kirby.
Interrogé sur une éventuelle levée par M. Biden de certains des droits de douane de 25% imposés sur des milliards de dollars de produits chinois par l’ex-président Donald Trump, le porte-parole a indiqué qu’une décision n’avait toujours pas été prise.
«Nous pensons (…) que les tarifs douaniers mis en place par son prédécesseur étaient mal conçus. Nous pensons qu’ils ont augmenté les coûts pour les familles et les petites entreprises américaines, ainsi que pour les éleveurs», a-t-il affirmé, évoquant également les «pratiques commerciales préjudiciables de la Chine».
Mais «je n’ai aucune décision à annoncer concernant les tarifs douaniers de la part du président. Il y travaille», a-t-il conclu.
Un communiqué sera publié après l’entretien, a précisé l’exécutif américain.