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Alors qu’un tiers des stations essence du pays rencontraient des difficultés d’approvisionnement suite à un mouvement de grève, le gouvernement a lancé, jeudi, la réquisition des salariés d’un deuxième dépôt de carburant près de Dunkerque. Le mouvement de protestation se poursuit et les syndicats ont appelé à la mobilisation générale le 18 octobre.
Les automobilistes français devront encore faire preuve de patience pour pouvoir faire le plein. Face aux réquisitions dégainées par le gouvernement pour contrer la grève dans l’industrie pétrolière, la CGT a décidé, jeudi 13 octobre, avec FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse, d’organiser une journée de « mobilisation et grève » interprofessionnelle mardi, en dépit du mécontentement d’une partie de l’opinion.
Cette journée d’action « pour l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève », concernera « les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et le nucléaire, (…) l’éducation, la santé, le commerce… », a énuméré Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT à l’issue d’une rencontre intersyndicale au siège de la centrale à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
« Ça a mis le feu aux poudres »
L’appel à la mobilisation est aussi signé par les organisations de jeunesse Fidl, le MNL, l’Unef et la Vie lycéenne. L’Unsa et la CFE-CGC, qui ont participé à l’intersyndicale, n’ont pas souhaité le signer, selon Catherine Perret.
Les signataires estiment qu' »une limite a été franchie par le gouvernement », avec l’annonce de réquisitions des salariés des raffineries et dépôts par les préfectures.
Anticipant cette annonce des centrales, des syndicats de l’éducation, des cheminots, du nucléaire ou de la fonction publique avaient annoncé dans la journée qu’ils prendraient part à ce mouvement. Les lycées professionnels étaient déjà appelés à un mouvement contre la réforme qui les concerne.
« Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres », a accusé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sur BFMTV, jeudi matin. Ça a été un « détonateur », corrobore Simon Duteil de Solidaires.
Ces réquisitions ont été « l’élément déclencheur » qui a convaincu Force ouvrière de rejoindre l’intersyndicale, a abondé également la représentante de FO, Patricia Drevon.
Interrogé mercredi soir sur France 2, le président de la République a répété que l’État n’hésiterait pas à utiliser cette arme des réquisitions pour permettre la distribution de carburants.
Menace mise à exécution jeudi dans un dépôt pétrolier TotalEnergies situé près de Dunkerque, après le dépôt Esso-ExxonMobil de Notre-Dame-de-Gravenchon mercredi.
Premières réquisitions
Jeudi matin, le gouvernement avait de nouveau exhorté les deux parties en conflit à la responsabilité, appelant à un « partage de la valeur équitable » par la voix du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
TotalEnergies « doit augmenter les salaires », a-t-il martelé sur RTL. Les services de la Première ministre, Elisabeth Borne, avaient en outre fait savoir qu’ils comptaient sur une reprise du dialogue « dans les prochaines heures ».
Évoquant l’inflation élevée et les profits engrangés par TotalEnergies à la faveur de la flambée des cours du pétrole, la CGT réclame des augmentations immédiates et rétroactives pour 2022.
Les premières réquisitions ont été décrétées mercredi et concernaient quatre employés (deux pour ce mercredi et deux pour jeudi matin) du site de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) d’Esso, filiale d’ExxonMobil, autre groupe pétrolier touché par le mouvement de contestation en France.
Jeudi, Matignon a annoncé à la mi-journée avoir demandé au préfet des Hauts-de-France de prendre « un arrêté pour la réquisition des personnels strictement indispensables à la distribution du carburant » au dépôt TotalEnergies de Dunkerque.
Selon un représentant de Force ouvrière (FO), cinq salariés ont été réquisitionnés pour travailler à partir de 14h00 (12h00 GMT) dans ce dépôt.
La CGT a dénoncé ces réquisitions, assimilable à ses yeux à une entrave au droit de grève et Philippe Martinez, son secrétaire général, a annoncé jeudi matin qu’un référé avait été déposé à ce sujet.
Avec Reuters