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NeuchâtelUne œuvre d’art et une plaque pour accompagner le controversé de Pury
La Ville a inauguré jeudi ce qui demeurera désormais au pied de la statue de David de Pury, négociant du 18e siècle, et monument controversé de nos jours.
Elle avait été au cœur des débats en 2020 suite aux manifestations contre les inégalités raciales du mouvement «Black Lives Matter». Plus de deux ans après le lancement de deux pétitions demandant aux autorités neuchâteloises de remplacer la statue de David de Pury par une plaque en hommage aux victimes de racisme, la Ville a inauguré jeudi une œuvre d’art et une plaque explicative devant le monument du négociant du 18e siècle et mécène neuchâtelois. Bien que considéré comme esclavagiste par certains, les autorités préféraient «compléter» sa statue plutôt que de la déboulonner.
«Documenter le passé»
Sous la pression des milliers de signataires, cette inauguration s’inscrit néanmoins dans la volonté de la Ville de rendre l’espace public plus inclusif, ajoutent les autorités dans un communiqué. «Ce travail mené conjointement par la commission et le Conseil communal, pose les jalons d’une politique mémorielle à partir d’une problématique d’envergure planétaire», indique Julie Courcier Delafontaine, membre de la sous-commission en charge du dossier.
En plus de «situer la vie de David de Pury et l’érection posthume de la statue», la plaque est aussi «un hommage aux personnes privées de liberté, exploitées et déshumanisées dans le cadre du commerce triangulaire», ajoute Thomas Facchinetti, conseiller communal en charge de la culture, de l’intégration, de la cohésion sociale.
Œuvre d’un artiste genevois
Baptisée «Great in the concrete», l’œuvre de bronze sur socle de béton est signée Mathias Pfund. Celle-ci présente la tête de David de Pury à l’envers, soit fichée dans son socle, à la manière du renversement accidentel de la statue de Louis Agassiz à l’Université de Californie, suite à un tremblement de terre au début du 20e siècle. «L’œuvre superpose le souvenir de deux figures controversées liées à Neuchâtel et performe une certaine fouge iconoclaste», a confié l’artiste genevois. D’autres œuvres d’art pourraient à leur tour être installées devant la statue, selon la Ville.
«Réponse pédagogique»
«C’est une réponse intelligente et pédagogique qui éclairera les zones d’ombre du passé sans les gommer. Un retrait de la statue aurait produit un effet d’annonce certain, mais serait vite tombé dans les oubliettes de l’histoire», confiait, l’an dernier, Philippe Haeberli, surpris que sa pétition «Pour le respect de notre histoire» débouche sur une démarche si importante de la part de la Ville.
De son côté, le collectif anti-raciste «Pour la mémoire», à l’origine de l’autre pétition, félicitait «l’accent mis sur l’éducation», même si «dire une fois par année que «le racisme c’est mal», ça ne suffira pas.»
(lvb)