L’annuaire téléphonique sur papier a vécu: après 142 ans, il cessera d’être imprimé dès la fin de cette année. La Poste va donc livrer pour la dernière fois les bottins durant ce mois de décembre. Cette tradition déjà sur le déclin sera ainsi définitivement remplacée par le digital.
Les personnes qui publient leur numéro de téléphone privé sont toujours moins nombreuses en Suisse. L’utilisation et la pertinence des « Pages Blanches » ont donc constamment diminué au fil des ans.
Le premier annuaire téléphonique public de Suisse est paru à Zurich le 6 novembre 1880. Il ne contenait que 98 entrées et les appels n’étaient possibles que pendant la journée.
Pour Heike Bazak, cheffe des archives des PTT, interrogée dans le 19h30, « les annuaires témoignent selon moi de notre passé migratoire. On le voit quand tel ou tel nom de famille apparaît dans l’annuaire. D’un point de vue de l’histoire économique, c’est également un registre de toutes les entreprises de notre pays ».
Au cours des années, le nombre d’inscriptions a connu une augmentation rapide parallèlement au nombre de raccordements. En 1959, il y avait déjà un million de numéros enregistrés. Les « Pages Blanches » de l’annuaire téléphonique ont atteint leur apogée dans les années 90 avec 4,2 millions d’entrées.
Suite à la suppression de l’obligation de publication des numéros de téléphone en 1997, le vent a tourné et le nombre d’inscriptions a sans cesse reculé.
Raccordements fixes en baisse
Depuis, la gestion des données personnelles a considérablement évolué. Avec l’avènement du numérique et l’augmentation des appels publicitaires non sollicités, de moins en moins de personnes souhaitent que leur numéro de téléphone figure dans un annuaire public.
Cette évolution est renforcée par une baisse sensible du nombre de raccordements fixes chez les particuliers. Au total, on compte aujourd’hui en Suisse 3 millions de numéros fixes alors qu’en 2000 il y en avait encore 6 millions.
En 2022, près de 2 millions d’annuaires ont encore été distribuées en Suisse. Mais le traditionnel bottin s’est allégé avec les années.
Une grande partie de la population opte de plus en plus pour un seul raccordement mobile, ce qui a un impact direct sur l’étendue de l’annuaire téléphonique. En effet, alors que les raccordements fixes sont automatiquement inclus dans l’annuaire téléphonique et retirés de la publication sur demande, le détenteur d’un numéro de téléphone mobile doit explicitement en demander l’inscription. Or peu de gens le font.
En 2020, le pays comptait 3 millions de raccordements sur le réseau fixe contre 11 millions de raccordements mobiles.
Cours d’initiation proposés
Les personnes qui n’ont pas d’accès internet ou qui ont des difficultés avec les outils numériques peuvent sur demande obtenir des numéros de téléphone par d’autres moyens. Ainsi, les personnes concernées peuvent télécharger gratuitement l’annuaire téléphonique d’un groupe spécifique de proches, de voisins ou de connaissances au format PDF, puis l’imprimer.
Les services de renseignements comme le numéro payant 1811 sont également à disposition. Enfin, la « Swisscom Academy » propose un cours d’initiation pour smartphone et tablette pour apprendre à utiliser internet et à rechercher des numéros de téléphone dans des annuaires en ligne.
Les « Pages jaunes » restent
L’annuaire professionnel « Pages jaunes » continue lui à être publié sur papier. A partir de 2023, il paraîtra sous une nouvelle parure. Outre les adresses des entreprises et des informations sur les associations, l’ouvrage « Localcities Guide » contiendra entre autres des informations sur les communes, une liste des numéros de l’administration fédérale et un calendrier des vacances scolaires.
ats/lan