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Trump en rêvait, Biden l’a réalisé »

Trump en rêvait, Biden l’a réalisé »


Lors du colloque SelectUSA sur les investissements étrangers aux Etats-Unis, qui s’est tenu du 1er au 4 mai (National Harbor, Maryland), Michael Suess, président du conglomérat suisse OC Oerlikon, a fait à ses hôtes américains une remarque surprenante : « Vous avez un environnement politique stable en dépit des nouvelles » dans les médias. Stable ? Malgré le coup d’Etat raté par Donald Trump, le 6 janvier 2021 ? Malgré les révélations sur le juge à la Cour suprême Clarence Thomas, qui nage dans l’argent de ses amis milliardaires conservateurs ? Malgré la menace de faillite de l’Etat fédéral, faute d’un relèvement du plafond de la dette ?

Pourtant, M. Suess n’a pas tort. Il est une autre Amérique, qui travaille en paix hors de la politique, celle du business. C’était flagrant début mars, lors de la Ceraweek, le forum des industries pétrolières de Houston, qui n’en finissait pas de célébrer les subventions du président Biden à la transition énergétique. Ce fut confirmé au forum SelectUSA, organisé par l’Etat fédéral pour aspirer les investissements de toute la planète.

Quelle est donc la vraie Amérique ? Celle un brin désespérante de Washington et des rubriques politiques des journaux, ou celle des entreprises et des Etats fédérés qui cheminent tranquillement ? Les deux, bien sûr, mais un petit retour en arrière permet de noter que les déchirures de l’Amérique ont profondément évolué depuis la grande crise de 2008.

Le combat a changé de nature

A l’époque, c’était Wall Street contre Main Street : les grandes firmes de New York avaient fait exploser la planète finance et plonger l’Amérique travailleuse dans la pire récession connue depuis les années 1930. Petit à petit, le combat a changé de nature, depuis la marche vers la Maison Blanche de Donald Trump, en 2016 : ce fut l’Amérique prospère des côtes contre les Etats désindustrialisés de la Rust Belt, la « ceinture de la rouille », et les ouvriers blancs se jugeant victimes de la mondialisation.

Et puis, soudain, ce sujet s’est estompé. Parce que le chômage est retombé à son plus bas niveau depuis la fin des années 1960 ; parce que les plus bas salaires augmentent enfin. Parce que l’Amérique a trouvé un nouveau consensus social et nationaliste : un réarmement industriel fait de protectionnisme et de subventions massives, pour se protéger de la Chine et des risques de rupture d’approvisionnement, et pour redonner l’espoir à la Rust Belt. Donald Trump en rêvait, Joe Biden l’a réalisé.

Certes, l’inflation rend le président actuel impopulaire, mais elle est en reflux, tandis que la récession maintes fois annoncée n’arrive pas. Si la crise bancaire et immobilière ne dégénère pas, l’élection 2024 ne se jouera pas sur l’économie, sujet plus consensuel qu’il n’y paraît, mais sur la « guerre culturelle », quasi religieuse, sur l’avortement, le racisme, les transgenres ou les armes.

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Au colloque SelectUSA sur les investissements étrangers aux États-Unis, le président du conglomérat suisse OC Oerlikon, Michael Suess, a fait une remarque étonnante à ses hôtes américains. Il a souligné que, malgré les mauvaises nouvelles dans les médias, l’environnement politique aux États-Unis était stable. Cette remarque semble étonnante étant donné les récents événements, tels que le coup d’État raté de Donald Trump le 6 janvier 2021 ou la menace de faillite de l’État fédéral en raison du plafond de la dette. Malgré cela, M. Suess n’a pas tort.

Il y a une autre Amérique, celle du monde des affaires, qui travaille en paix en dehors de la politique. Cela a été clair au début du mois de mars lors de la Ceraweek, le forum des industries pétrolières de Houston, qui a constamment célébré les subventions du président Biden pour la transition énergétique. Cela a été confirmé au forum SelectUSA, organisé par l’État fédéral pour attirer les investissements du monde entier.

Alors, quelle est la vraie Amérique ? Celle de Washington et de la politique ou celle des entreprises et des États fédérés qui continuent à avancer tranquillement ? Les deux existent, mais depuis la grande crise de 2008, les fractures de l’Amérique ont profondément évolué.

À l’époque, ce fut Wall Street contre Main Street, les grandes firmes de New York ayant fait exploser la planète financière et plongé l’Amérique travailleuse dans la pire récession depuis les années 1930. Petit à petit, le combat a changé de nature, depuis l’élection de Donald Trump en 2016, qui a vu l’Amérique prospère des côtes s’opposer aux États désindustrialisés de la Rust Belt et aux ouvriers blancs se considérant comme des victimes de la mondialisation.

Cependant, d’un coup, ce sujet est devenu secondaire. Le chômage a atteint son plus bas niveau depuis la fin des années 1960, et les salaires les plus bas ont enfin augmenté. L’Amérique a trouvé un nouveau consensus social et nationaliste : un réarmement industriel axé sur le protectionnisme et les subventions massives pour se protéger de la Chine et des risques de rupture d’approvisionnement, et pour redonner de l’espoir à la Rust Belt. Ce que Donald Trump rêvait, Joe Biden l’a réalisé.

Certes, l’inflation rend le président actuel impopulaire, mais elle est en reflux, et la récession, maintes fois annoncée, n’a pas eu lieu. Si la crise bancaire et immobilière ne dégénère pas, l’élection de 2024 ne se jouera pas sur l’économie, sujet plus consensuel qu’il n’y paraît, mais sur la « guerre culturelle » quasi religieuse concernant des sujets tels que l’avortement, le racisme, les transgenres ou les armes.

En somme, les États-Unis ont une économie stable, et le climat politique ne semble pas avoir un impact majeur sur le business. Les investisseurs étrangers peuvent donc continuer à investir en toute confiance dans ce pays, qui a su se réinventer et retrouver un consensus social et nationaliste.

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