L’État souhaite acquérir les activités souveraines du géant informatique français Atos, en pleine tourmente financière, afin qu’elles ne tombent pas entre les mains d’acteurs étrangers. Mais que regroupent exactement ces activités ? La lettre d’intention, non engageante, envoyée par Bercy porte sur une large partie des activités « big data » (mégadonnées) et sécurité (BDS) d’Atos, qui avaient un temps intéressé Airbus avant un arrêt brutal des discussions en mars.
Au sein de la division BDS, le gouvernement français s’est positionné en vue d’acquérir 100% de trois branches: « Advanced Computing », « Mission-Critical Systems » (MCS) et produits de cybersécurité. Ces activités sélectionnées par Bercy représentent 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires sur un total de 1,5 milliard pour la totalité des activités de BDS. L’État souhaite ainsi racheter les supercalculateurs et les serveurs participant à l’intelligence artificielle (IA) et à l’informatique quantique présents dans la branche « Advanced Computing » d’Atos. Ces supercalculateurs sont essentiels à la simulation d’essais nucléaires ou à la gestion du parc des centrales nucléaires d’EDF.
La branche MCS comprend, elle, le système de commandement du programme Scorpion de l’armée de Terre. Ce programme vise à renouveler et moderniser les capacités de combat de l’armée française autour de nouvelles plateformes et d’un système d’information au combat unique, selon le ministère de la Défense. MCS fournit par ailleurs des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande et est chargé de la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale « F4 » de Dassault.
Des activités sensibles
Cette branche gère aussi le système C4I (Command, Control, Communications, Computers and Intelligence), une solution qui livre à la chaîne de commandement de l’armée une carte du champ de bataille mise à jour en temps réel. Mission-Critical Systems regroupe enfin la société Avantix, spécialisée dans les systèmes d’écoute pour les services de renseignement. La branche de produits en cybersécurité d’Atos intègre de son côté différentes solutions de chiffrement, de crypto-analyse et de contrôle d’accès. La valeur d’entreprise indicative de l’ensemble de ces activités sensibles se situe entre 700 millions et 1 milliard d’euros, selon un communiqué d’Atos.
Ces activités ont généré en 2023 un peu moins de 10% des revenus de l’ensemble du groupe, a-t-il précisé. Ces trois branches de BDS rassemblent quelque 4.000 salariés, essentiellement basés en France, a indiqué dimanche le cabinet du ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Aucun montant en vue d’un rachat n’a été divulgué. L’offre non engageante de l’État sur ce périmètre est attendue d’ici juin et la phase de « due diligence » (consultation des comptes) doit démarrer « prochainement », a déclaré Atos.
Fleuron des entreprises françaises
Depuis son apparition dans le paysage hexagonal en 1997, Atos s’est imposée comme l’entreprise française modèle. La structure réussit le tour de force de devenir l’unique constructeur de supercalculateur en Europe en rachetant la société Bull. Des machines cruciales dans le cadre de la dissuasion nucléaire et qui sont le fruit d’une technologie de pointe. Au niveau mondial, Atos joue des coudes avec les plus grands de son secteur en faisant partie des dix entreprises les plus importantes du numérique.
Cotée au Cac 40, la société faisait un chiffre d’affaires excédant les 10 milliards d’euros en 2023. Aujourd’hui, Atos emploie 100.000 salariés à travers le monde et 10.000 en France. Malgré les difficultés rencontrées dernièrement, Atos reste une entreprise dans laquelle l’exécutif a entièrement confiance. Lors des J.O Parisiens, elle devra assurer la gestion des 300.000 accrédités pour l’événement. La cybersécurité sera aussi gérée par Atos lors des J.O.