Fitch, l’une des principales agences de notation internationales, a signalé un abaissement de la note française, passant de « AA » à « AA-« , en raison des fortes tensions sociales et de l’impasse politique autour de la réforme des retraites. Fitch a publié un communiqué annonçant cette dégradation de la note française, invoquant « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron ». La situation de blocage actuelle pourrait également « créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes ».
Il a passé six semaines, le gouvernement français ayant adopté définitivement son projet de réforme des retraites, prévoyant un report de l’âge légal de 62 à 64 ans, grâce à l’appui de l’article 49.3 de la constitution. Cette décision a causé un net durcissement de la contestation, avec plusieurs journées de manifestations violentes sur tout le territoire rappelant l’épisode des Gilets jaunes à partir de 2018.
Fitch a souligné que cette décision a donné lieu à des manifestations et à des grèves dans tout le pays et renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment. Fitch est la première des trois principales agences de notation internationales à rétrograder la note française depuis l’adoption de la réforme des retraites.
Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a regretté dans un communiqué l’appréciation pessimiste de Fitch, estimant que l’agence de notation « sous-évalue les conséquences des réformes », notamment celle des retraites. Dans ses conclusions publiées vendredi, Fitch évoque également « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes » concernant leur réduction.
Le gouvernement a prévu de légèrement remonter le déficit public français cette année à 4,9 % avant de refluer progressivement à partir de 2024. Cependant, Fitch anticipe un déficit plus important, à 5 % cette année et 4,7 % l’année prochaine.
En outre, le désendettement devrait connaître un coup d’accélérateur d’après le gouvernement, avec une dette représentant 108,3 % du PIB en 2027, soit 4 points de moins qu’envisagé précédemment mais toujours très loin de l’objectif européen de 60%. Elle était à 111,6 % du PIB fin 2022.
Fitch pressent par ailleurs une croissance moins robuste qu’anticipé dans ses précédentes prévisions de novembre. Celle-ci serait cette année de 0,8 % contre 1,1 % anticipé auparavant, et de 1,3 % en 2024, contre 1,9 % imaginé lors des dernières prévisions. Le gouvernement, cependant, prévoit une croissance de 1% cette année.
Moody’s, une autre agence de notation, avait prévu d’actualiser sa note la semaine dernière, mais n’a finalement pas réalisé d’action de notation. L’agence S&P Global, qui accorde actuellement la note de « AA » à la France, avec une perspective négative, devrait publier ses conclusions le 2 juin.
Enfin, la situation de blocage actuelle en France pourrait également exposer le pays à des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes. Cette impasse politique doit être résolue pour que le pays puisse faire face aux défis économiques à venir.