L’agence de notation Standard & Poor’s Global Ratings a abaissé, vendredi, pour la première fois depuis 2013 la note souveraine de la France, de AA à AA-, sanctionnant la « détérioration de la position budgétaire » du pays.
Publié le : 31/05/2024 – 22:26Modifié le : 31/05/2024 – 22:40
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Il s’agit d’un coup dur pour l’économie française. L’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé, vendredi 31 mai, pour la première fois depuis 2013 la note souveraine de la France, de AA à AA-, sanctionnant la « détérioration de la position budgétaire » du pays.
« La dégradation reflète notre projection que, contrairement à nos attentes précédentes, la dette publique française en proportion du PIB va augmenter en raison des déficits plus importants que prévus en 2023-2027 », a justifié la société américaine dans une analyse accompagnant la note, en rappelant que le déficit public français avait été en 2023 « nettement plus élevé que ce que nous avions prévu ».
S&P ne croit pas que le déficit sera ramené à 3 % du PIB en 2027, comme le gouvernement le prévoit, et prévoit même 3,5 % à cette date.
« Sans mesures supplémentaires de réduction du déficit budgétaire, nous pensons que les réformes ne seront pas suffisantes pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs budgétaires », ajoute l’agence.
S&P n’avait revu son appréciation à la baisse pour la France qu’à deux reprises, en janvier 2012 et en novembre 2013.
La France décroche donc du groupe composé notamment de la Belgique et du Royaume-Uni, mais reste mieux notée que l’Espagne ou l’Italie. Le risque inhérent à une rétrogradation est un mouvement de défiance des investisseurs et un alourdissement de la charge de la dette.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a redit vendredi sa volonté de ramener le déficit public de la France sous la barre des 3 % en 2027. « Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3 % de déficit en 2027 », a-t-il déclaré au Parisien. « La raison principale de cette dégradation, c’est que nous avons sauvé l’économie française », a-t-il estimé.
Rétrogradation devenue inévitable
Avec un double A même suivi d’un signe moins, la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette reste cependant « très forte » selon les critères de l’agence de notation.
Le risque de dégradation de la note souveraine planait depuis plusieurs trimestres, le précédent AA étant assorti depuis décembre 2022 d’une « perspective négative ».
Lors de sa précédente analyse de l’économie française, en décembre, S&P avait averti la France qu’elle pourrait risquer la rétrogradation si elle diminuait trop lentement ses déficits pour entraîner une réduction de la dette, ou si les intérêts d’emprunt augmentaient au-delà de 5 % des recettes des administrations publiques.
Le dérapage surprise du déficit public pour 2023 annoncé depuis par le gouvernement, à 5,5 % du PIB, au lieu de 4,9 % attendus, n’a pas joué en sa faveur, malgré une série de mesures qui permettraient selon lui de revenir dans les clous.
S&P note la France depuis 1975. C’est la première agence à avoir retiré à ce pays son emblématique triple A en 2012, meilleure note possible et symbole d’une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficie encore à l’instar de l’Allemagne et de l’Australie.
En avril, les deux autres principales agences internationales, Moody’s et Fitch, n’ont pas revu à la baisse la note française.
La première note la France Aa2, soit l’équivalent d’un AA pour S&P, la seconde lui attribue depuis avril 2023 un AA-.
Avec AFP