L’engouement pour la French Tech se concentre ce lundi à Paris avec l’annonce de la liste complète des lauréats Next40 et French Tech 120 en 2023. Emmanuel Macron recevra la plupart des acteurs à l’Elysée et en profitera pour faire le bilan et évoquer les grandes lignes du développement de l’entrepreneuriat en France. On y parlera réindustrialisation, boost de l’embauche dans les startups (+ 25 % sur un an) et chiffre d’affaires à 11,3 milliards d’euros atteint l’année dernière.
Mais en parallèle, l’annonce de la promotion 2023 des startups françaises les plus prometteuses en obligera certaines à faire leurs valises.
Entre 2022 et 2023, pas moins de 11 startups quittent le classement Next 40 et 16 sur la liste French Tech 120. Remplacées, elles montrent pour certaines que le ralentissement économique a bien évidemment fait des dégâts. Mais toutes ne se montrent pas en mauvaises postures pour autant. Rien que pour intégrer le classement Next 40, il faut avoir réalisé une levée de fonds à plus de 40 millions d’euros entre 2020 et 2022. De quoi écarter les entrepreneurs qui ne croient pas en la méthode de la course au financement par capital-risque.
Les sortants du classement Next 40
Aledia, Alma, Bioserenity, Brut, Kineis, Lifen, Lumapps, Malt, Ornikar.
La fintech a subi un vrai revers de médaille l’année dernière avec la situation macroéconomique. Alma, la startup du paiement fractionné qui signait un partenariat avec la SNCF, ratait un énorme dossier avec Apple en novembre 2022. Depuis, son activité est plus fragile. La concurrence sur le marché est sévère, comme celle des auto-écoles en ligne, alors que Ornikar ne répond plus aux critères du gouvernement pour intégrer la liste Next 40.
Chez les médias aussi, l’appétit de Brut à l’international et son hypercroissance sont fragilisés. Le groupe est sorti du classement Next 40 et mène aujourd’hui une politique de rationalisation assez sévère (dans ses comptes, la société doit essuyer l’échec de la plateforme de streaming payante Brut X). Précédemment, elle faisait partie de ces startups qui suivaient un rythme galopant dans les tours de financement : 10 millions d’euros en 2018, 36 millions d’euros en 2019 et 63 millions d’euros en 2021. Désormais, “l’accès au capital est restreint à cause de l’état des marchés”, expliquait Guillaume Lacroix, son cofondateur.
Les sortants du classement FT120
Toutes les startups sortantes du Next 40 sont relayées dans le classement FT120. Pour faire leurs places, elles ont donc poussé vers la porte de sortie d’autres startups appartenant au classement plus large établi par le gouvernement. On compte parmi elles :
Amolyt Pharma, Air Medias, All Mol Technology, Amarisoft, Asarle, Finizy – Meilleurs Taux, Gitguardian Green Technologie, Happn, Heetch, Hoppen, Okwind, Iiadvize, Indexia Group, Jobteaser, Madbox, Joone, PerfectStay(.)com, Recommerce Solutions, Selectra, Vadesecure, Wandercraft, Web Geo Services.
Parmi ces noms, celui de Heetch, le concurrent d’Uber dans les services de VTC. Comme Bolt et Freenow, la startup française a dû opérer de nombreux changements dans sa stratégie à l’heure où la concurrence est féroce et que Uber est devenu un mastodonte. “Uber, c’est comme Google. Celui qui a tout capté : la majorité des chauffeurs et des clients. Toutes les autres applications vivent dans son ombre”, décriait Yassine Bensaci, le vice-président de l’association VTC de France, dans une interview au Journal du dimanche. Heetch cherche aujourd’hui à faire son nid en Afrique pour tenter de survivre.
Du côté des applications de rencontres, le français Happn disparaît aussi sous les radars du FT120. Face à lui, l’écrasante pression de Match Group (Tinder et Meetic notamment) mais aussi de Bumble. La pression vient également du marché, alors que la croissance de ces applications a fortement ralenti et le nombre d’utilisateurs payants baisse chez certains. Si trouver l’amour n’est plus si lucratif, trouver un travail pèse aussi problème pour les acteurs français et JobTeaser ne fait plus partie du classement French Tech 120.