Un policier accusé d’avoir mortellement fait feu sur un ado qui menaçait de lui foncer dessus aura une nouvelle occasion de faire valoir qu’il avait agi en légitime défense, lors de son deuxième procès qui s’est amorcé ce matin.
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Reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à 4 ans de pénitencier avant d’obtenir un nouveau procès en raison d’erreurs de la part d’une juge, Éric Deslauriers était de retour en cour ce lundi au palais de justice de Saint-Jérôme.
Assis à un bureau à côté de celui de ses avocates, il a ainsi écouté le témoignage d’une technicienne de scène de crime qui avait été appelée à travailler sur son dossier, en janvier 2014.
Ce jour-là, le sergent Deslauriers avait été appelé à intervenir dans la cour de la polyvalente de Sainte-Adèle. Or, sur place se trouvait un adolescent de 17 ans à bord d’une Mazda RX-8 volée. Il faisait vrombir son moteur et refusait d’obtempérer aux ordres du policier de la Sûreté du Québec.
Le jeune s’était alors mis à accélérer dans la direction de Deslauriers, Disant craindre pour sa vie, le policier de plus de 20 ans d’expérience avait tiré deux coups de feu, atteignant mortellement la victime.
« Erreur grave »
Lors du premier procès, la juge Joëlle Roy avait toutefois écarté des éléments de preuve favorables à la légitime défense en affirmant entre autres que Deslauriers aurait pu se déplacer et qu’il n’était pas dans la trajectoire de la voiture volée.
Cela avait mené à la condamnation du policier mais la Cour d’appel a renversé la décision.
« [La] trame factuelle qu’elle retient me semble incompatible avec la preuve sur certains points qui sont au cœur de la défense de l’accusé », avait insisté le plus haut tribunal du Québec en ordonnant un nouveau procès.
La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, avait par la suite tenu des propos sévères lors de l’audition du dossier à la demande de la Couronne.
« Selon moi, et je parle ici pour moi-même, c’est un dérapage judiciaire qui est arrivé », avait-il laissé tomber.
Le juge en chef Wagner avait également parlé de « décision étonnante, voire inquiétante », et d’une « erreur grave arrivée par une analyse, une interprétation et une gestion de procès déficientes ».
Le syndicat des policiers de la Sûreté du Québec espérait que ces propos fassent en sorte que la Couronne laisse tomber le dossier, mais en vain.
Le procès, devant le juge Éric Côté, est prévu pour plusieurs semaines. Deslauriers, 50 ans, est représenté par Mes Nadine Touma et Stéphanie Lozeau.