Lors de son discours du 1er août dimanche à Saas-Balen (VS), Simonetta Sommaruga a appelé à un deuxième tournant énergétique, poussant la génération actuelle à agir. A Lucerne, Alain Berset a dénoncé l’intransigeance de ces dernières années et plaidé pour un retour au dialogue en Suisse.
La citadine Simonetta Sommaruga a reconnu qu’elle était peu familière de la région qui l’a accueillie à l’occasion de la Fête nationale. Mais la conseillère fédérale a relevé la beauté de ces montagnes, tout en rappelant que ces dernières ont aussi leur revers: durant des siècles, les habitants ont vécu sous la menace des dangers naturels.
Et aujourd’hui, c’est le réchauffement climatique qui fait sentir ses effets, a souligné la cheffe du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Il menace le tourisme et, par conséquent, la vie économique dans la vallée.
« On ne peut pas continuer comme ça, a martelé la Bernoise. Comme l’ont fait vos ancêtres avec les bisses en Valais, nous devons prendre notre destin en main ». Alors que la Russie ferme les vannes de ses gazoducs, l’eau est plus précieuse que jamais, a-t-elle rappelé.
Un deuxième tournant énergétique
Tout le monde compte sur l’énergie hydraulique et donc sur le Valais, a lancé Simonetta Sommaruga, soulignant que ce canton fournit la moitié de l’électricité produite en Suisse. Aujourd’hui, il convient de développer les énergies indigènes que sont l’éolien, le photovoltaïque et l’hydraulique avec l’esprit pionnier qui a prévalu par le passé.
La Suisse a déjà connu un tournant énergétique, a rappelé la conseillère fédérale. Il y a un siècle, après la Première Guerre mondiale, les importations de charbon ont été suspendues. La Suisse a alors développé l’hydraulique afin de se libérer de la dépendance de l’étranger.
« C’est au tour de la génération actuelle d’agir »
« Maintenant, c’est au tour de la génération actuelle d’agir. » Ce développement doit concilier les intérêts énergétiques et environnementaux. Les discussions entre les acteurs réunis il y a deux ans pour une table ronde ont été dures. « Mais à la fin, chacun s’est remis en question et a fait des compromis », a conclu la socialiste.
« L’intransigeance n’est qu’une attitude de blocage »
Alain Berset à Lucerne, dimanche 31.07.2022. [Philipp Schmidli – Keystone]A Lucerne, Alain Berset a dénoncé de son côté l’intransigeance qui a prévalu ces dernières années et plaidé pour un retour au dialogue. « Nous avons trop parlé des autres au lieu de parler avec eux », a-t-il lancé.
Le conseiller fédéral a constaté que la culture des médias sociaux a bouleversé les débats politiques. « Certains ont fait de l’intransigeance une qualité, alors qu’elle n’est en réalité qu’une attitude de blocage. » La volonté d’avoir toujours raison n’est autre qu’une « inaptitude à la démocratie », a-t-il dit selon la version écrite de son discours.
Les polémiques de ces dernières années ont en réalité affaibli la Suisse, a souligné le chef du Département fédéral de l’Intérieur (DFI). Sa culture politique parfois compliquée et sa diversité étonnante ne peuvent s’épanouir que si l’on se rappelle que « seules les bonnes solutions nous renforcent ».
Pour relever les grands défis qui nous attendent, comme la guerre, la pénurie, l’inflation, le réchauffement climatique ou la prévoyance vieillesse, il est devenu encore plus important de se rapprocher les uns des autres. Le socialiste s’est montré optimiste à cet égard: nous savons tous que nous ne devons pas nuire à la culture politique, a-t-il dit.
« La raison doit l’emporter sur les théories du complot »
Revenant sur les deux années de pandémie, le Fribourgeois a rappelé que « la crise du coronavirus a montré que nous avons le choix en tant que société ». Le choix de relever ces défis grâce à notre culture du débat ou de camper sur nos positions en méprisant les autres.
Les vertus du pragmatisme et de la raison doivent l’emporter sur les « théories du complot, allergiques à toute forme de preuves », a martelé le conseiller fédéral. « La grande majorité de notre population sait que nous devons soigner notre culture politique. Elle sait que c’est justement la diversité qui nous rend forts ».
« A l’occasion de la Fête nationale, rappelons-nous ce qui nous unit vraiment », a conclu Alain Berset.
>> Lire aussi: Ignazio Cassis: « Nous devons réapprendre à gérer l’insécurité »
ats/oang