Le chamois est au centre d’une étude génétique pour connaître son comportement face aux changements climatiques. Ce mammifère pourrait perdre une partie de la diversité de ses gènes, selon l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
Vivant originellement dans les zones en pentes, les chamois se sont déplacés progressivement dans les espaces alpins et certaines régions du Plateau, depuis les 20’000 dernières années.
Trois critères permettent d’expliquer ces migrations: la pente, la température et la quantité de précipitations, comme l’explique Flurin Leugger, spécialiste des sciences de l’environnement, dans l’étude du WSL. « Les chamois évitent apparemment les fonds de vallées plats, où ils ont été exposés à leurs prédateurs comme le loup et le lynx », explique le spécialiste.
C’est aussi en raison des changements climatiques et du recul des glaciers que les chamois ont eu tendance à peupler de plus en plus les régions alpines.
Intuition des chasseurs
Les chasseurs ont présenti les changements d’habitat du chamois. Selon leurs observations, ils sont de moins en moins présents.
« J’ai vu très peu de cabris cette année. Il faut dire qu’elle était caniculaire. Peut-être qu’une des causes de mortalité des chevreaux, c’est le réchauffement climatique », avance Grégoire Mettaz, l’un des chasseurs qui ont contribué à la récolte d’échantillons.
Afin de vérifier l’intuition des chasseurs, le biologiste Loïc Pellissier a étudié les gènes des populations de chamois à travers l’ensemble du massif alpin. Pour obtenir des données, les chasseurs ont récolté des morceaux d’épiderme de chamois. Chaque lieu de récolte a ensuite été notifié sur une carte numérique.
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Perte de la diversité génétique
L’étude de ces échantillons a révélé que les chamois se déplacent très peu et qu’ils possèdent une grande diversité génétique. Pour les chercheurs, cette diversité risquerait de disparaître avec le réchauffement climatique, même si l’espèce n’est pas encore menacée.
« Le chamois de plus basse altitude va certainement monter vers les hauts plateaux. Avec ces changements d’habitats, on ne risque pas de perdre l’espèce, mais une certaine diversité au sein de celle-ci », explique Loïc Pellissier.
La suite de cette étude cherchera à comprendre comment les chamois s’adaptent à une région. Les scientifiques pourront ainsi anticiper les problèmes engendrés par les changements climatiques sur certaines populations.
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Claudine Gaillard Torrent et Frédéric Sohlbank
Adaptation web: Raphaël Dubois