Les cérémonies se suivent et se ressemblent. Fin septembre 2019, sur le podium du Mondial, où ses partenaires célébraient leur troisième place dans le tournoi, Evan Fournier faisait grise mine. Marqué par la défaite en demi-finales contre l’Argentine, après un succès face aux favoris Américains au tour précédent, l’arrière de l’équipe de France masculine de basket avait ôté, sitôt reçue, sa médaille de bronze, pour la dissimuler dans sa chaussette. « C’est dur, parce qu’on est venus avec une ambition, disait-il en soupirant. Cette défaite, j’y penserai toute ma carrière, c’est sûr. » Dimanche 18 septembre, le désormais capitaine des Bleus n’a pas dissimulé sa médaille d’argent européenne, mais, à l’instar de son partenaire Rudy Gobert, il l’a retirée de son cou, marqué par une nouvelle désillusion.
« J’ai perdu beaucoup de finales et j’ai l’impression que ça devient une habitude. Ça me rend dingue », s’agace aussi Guerschon Yabusele. Parmi les meilleurs Français de la compétition, l’ailier fort du Real Madrid n’a rien pu faire, à l’image de ses partenaires, pour empêcher l’Espagne de remonter sur le toit de l’Europe. Au terme d’une éclatante démonstration (88-76), la Roja des frères Hernangomez a décroché, dimanche, le quatrième titre européen de son histoire (2009, 2011, 2015 et 2022). Pour les Bleus, qui affirmaient en début de campagne « ne venir que pour l’or », l’argent a saveur d’amertume.
Depuis l’avènement de la génération Tony Parker, l’équipe de France a pris goût à la constance. A ses commandes depuis 2009, Vincent Collet a décroché, dimanche, la septième médaille de son mandat. Et si, à chaud, les regrets dominent après une nouvelle finale perdue face au rival ibérique, les Bleus ne doivent pas oublier les méandres de leur parcours dans la compétition. Après une phase de groupe alternant le chaud et le froid, dans une poule très relevée, les coéquipiers de Rudy Gobert se sont tirés à deux reprises de situations impossibles, en huitièmes et en quarts de finale.
Une irrégularité frustrante
En maturation express depuis l’été 2019, cette équipe assume ses ambitions élevées. « On a des cœurs de gagnants. Je suis arrivé dans une équipe qui avait la culture de la gagne et on a essayé de garder cette mentalité », résumait le pivot des Bleus avant la demi-finale. « Même les années où les gens pensent qu’on va être moins forts, on vient avec l’objectif de la médaille d’or. Peu importe qui est là, peu importent les circonstances, on a assez de talent pour prétendre à la plus haute marche chaque année, même si certaines sont plus dures que d’autres. » Cette année, les Bleus présentaient un effectif rajeuni. Et s’ils ont bénéficié d’un parcours facilité par les éliminations des favoris serbes et slovènes, ils se sont donné les moyens d’être « là où [ils] voulaient être » – leur mantra : en situation de disputer le titre.
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