Les doulas de fin de vie sont des personnes qui accompagnent les mourants et leurs proches avant et après le décès. Une activité en plein essor en Suisse romande, où une formation a récemment été mise sur pied.
Mourir dans la paix et la tendresse… Les doulas de fin de vie ou « thanadoulas » (du grec « servant » et « mort ») proposent d’accompagner les mourants et leurs familles, en leur donnant du soutien psychologique et en les guidant dans l’organisation de funérailles ou de rituels personnalisés.
L’activité connaît un essor particulier ces dernières années en Suisse romande, où près d’une trentaine de personnes exercent en tant que doulas.
En 2019, une association romande a vu le jour et propose une nouvelle formation dans le domaine. Un nouveau cycle a démarré en septembre et plus de 60 personnes s’y sont inscrites.
Être à l’écoute
Solange est thanadoula depuis plusieurs années dans le canton de Vaud. Aujourd’hui, elle accompagne Nena: son rôle consiste à offrir une présence sensible et à l’écoute, tout en étant qualifiée pour s’occuper de tâches concrètes et prodiguer les soins nécessaires.
« Les personnes en fin de vie ont encore des envies, des projets et des désirs. On est à l’écoute quand elles rencontrent des difficultés. Mon rôle de doula est d’apporter de la suppléance, de prodiguer de petits gestes. Apporter de la douceur autour de cette finitude, c’est là où le métier prend tout son sens », témoigne-t-elle.
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Si une grande majorité des doulas sont des femmes, l’activité attire aussi la gent masculine. Xavier suit actuellement la formation, avec trois autres hommes. Dans quelques mois, après deux semaine de cours et un important travail personnel, il deviendra doula.
Il se confie sur les raisons qui l’ont poussé à exercer cette activité: « Il faut énormément d’amour. Il faut savoir donner et accompagner sans avoir aucune limite. C’est plus qu’un métier, c’est un choix délibéré de notre part, celui d’être dans un sentiment de plénitude pour le mourant », explique-t-il.
La mort moins taboue
C’est la docteure Rosette Poletti, pionnière des soins palliatifs en Suisse, qui a créé le centre de formation romand. « Ces trente dernières années, la mort est devenue moins taboue. Elle s’est aussi médicalisée. Maintenant, de nombreuses personnes souhaitent mourir chez elles », détaille-t-elle.
« Dans les derniers moments, quand on a mal, quand on est anxieux, le doula est une présence aimante, capable de tendresse. C’est être là, avec cette personne », conclut-elle.
Le métier de doula n’est ni reconnu ni rémunéré en Suisse. Cela n’empêche pas d’attirer toujours plus de personnes. Pour l’historien Dominique Dirlewanger, l’essor du métier est à lier avec l’évolution du tabou entourant la mort dans notre société et notre envie de l’humaniser le plus possible.
>> L’interview de l’historien Dominique Dirlewanger dans le 12h45:
Sujet TV: Lorence Milasevic
Adaptation web: saje