Après un résultat électoral désastreux, la pression s’accentue encore d’un cran sur Dominique Anglade pour qu’elle quitte la barre du navire libéral avec la tentative ratée de ramener la députée Marie-Claude Nichols au bercail.
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La cheffe du PLQ a échoué à réparer les pots cassés avec la députée de Vaudreuil, qu’elle a expulsée. Mme Nichols a rejeté la main tendue de Dominique Anglade et refuse de réintégrer le caucus libéral dirigé par une leader en qui elle a maintenant « zéro confiance ».
« Je ne souhaite ni être au centre de cette distraction ni être la bouée de sauvetage d’un leadership qui s’égare dans des décisions inexpliquées, irréfléchies et précipitées », lit-on dans une lettre coup-de-poing acheminée hier à ses anciens collègues libéraux.
En soirée, dans une entrevue à LCN, elle en a rajouté, affirmant sans détour que Dominique Anglade « doit quitter, et quitter rapidement ».
Cinglante, la députée a signalé que Mme Anglade n’est « même pas capable d’attribuer des fonctions sans que la chicane pogne ».
Cheffe contestée
Et elle n’est pas la seule. Plus les jours passent, plus les alliés se font rares pour la cheffe Anglade, dont l’autorité est contestée par d’anciens élus libéraux.
Peut-elle demeurer cheffe encore bien longtemps ? « Je vais l’avouer, vraiment, je ne pense pas », a indiqué l’ex-député libéral André Drolet, disant partager l’opinion d’autres anciens collègues tels que Lise Thériault, Jean D’Amour et Serge Simard, qui ont témoigné publiquement de leur déception face au leadership de Mme Anglade.
Il ajoute d’ailleurs sa voix à celle des personnes qui trouvent que l’épisode avec Mme Nichols est la goutte qui fait déborder le vase.
Pour lui, soit Mme Anglade quitte, soit le parti organise d’urgence une rencontre pour trouver une façon de devancer le vote de confiance le plus tôt possible.
À l’instar de M. Drolet, l’ex-ministre Robert Poëti considère que la remise en question, pour Mme Anglade, remonte aux élections du 3 octobre. « C’est malheureux, c’est une bonne personne, mais de toute évidence, ça n’a pas été un succès », a résumé M. Poëti.
« Elle ne peut pas rester », confie un autre ancien député qui souhaite conserver l’anonymat. « Il faut qu’elle s’en aille, idéalement avant la rentrée parlementaire » prévue le 29 novembre, lâche un autre. « Elle ne passe pas » auprès des Québécois, insiste-t-on.
Elle s’accroche
Mais Dominique Anglade s’accroche. Dans une déclaration transmise aux médias hier, la cheffe libérale « prend acte » de la décision de la députée de Vaudreuil, mais elle laisse encore la porte ouverte à son retour.
Plusieurs de ses anciens collègues ne sont pas surpris de son entêtement à demeurer à la tête du PLQ, malgré la grogne. « Elle n’a aucun jugement ! se désole un ex-compagnon d’armes. Dans sa tête, ce poste lui revient et elle est bonne. »
Avec cette nouvelle crise de leadership au PLQ, les rumeurs et les spéculations vont bon train sur de potentiels successeurs.
En théorie, la cheffe doit se soumettre à un vote de confiance à l’occasion du prochain congrès du PLQ, qui doit se tenir d’ici un an.
EXTRAITS D’UN COURRIEL DE LA DÉPUTÉE MARIE-CLAUDE NICHOLS ACHEMINÉ À SES ANCIENS COLLÈGUES DÉPUTÉS LIBÉRAUX
« Je ne souhaite ni être au centre de cette distraction ni être la bouée de sauvetage d’un leadership qui s’égare dans des décisions inexpliquées, irréfléchies et précipitées. »
« Mes convictions de libérale loyale et fière ne sont plus à prouver, mais force est de constater que ma confiance envers la cheffe est très lourdement ébranlée depuis mon exclusion manu militari et de ce qui s’en est suivi. »
« Malgré la haute opinion que j’ai pour chacun d’entre vous, il me sera impossible de siéger au sein d’un caucus dirigé par une cheffe en qui je n’ai pas entièrement confiance. »
CANDIDATS POTENTIELS À LA SUCCESSION DE DOMINIQUE ANGLADE ÉVOQUÉS DANS LES RANGS DU PLQ
Pierre Moreau
Ancien ministre libéral sous Jean Charest et Philippe Couillard, le nom de Pierre Moreau circule dans les rangs libéraux depuis des mois.
L’avocat est un habile communicateur, mais il a déjà fait savoir par le passé que la chefferie du PLQ n’était pas dans ses plans.
M. Moreau a refusé hier notre demande d’entrevue.
André Fortin
Seul député libéral élu à l’extérieur du grand Montréal, l’élu de Pontiac était sur les blocs de départ de la dernière campagne à la chefferie du PLQ, avant d’abandonner la course pour des raisons familiales.
Alain Rayes
Député fédéral de Richmond–Arthabaska, Alain Rayes a claqué la porte du Parti conservateur du Canada après la victoire de Pierre Poilievre et il siège désormais comme indépendant.
Son profil régional plaît à bon nombre de libéraux québécois, surtout depuis qu’il a donné son appui à la candidature de Jean Charest à la chefferie du PCC.
En politique provinciale, il a toutefois un passé adéquiste.
Joint hier, Alain Rayes a réitéré que son objectif était de terminer son mandat au fédéral.
« Je ne suis d’aucune façon dans un mode à solliciter des appuis ou à vérifier mes appuis pour une course au leadership du PLQ », a-t-il insisté.
Joël Lightbound
Élu d’Ottawa depuis 2015, le libéral de 34 ans s’est distancié, sur plusieurs sujets, du caucus de Justin Trudeau dans la dernière année.
Selon nos informations, le jeune Lightbound ne fermerait pas la porte à une éventuelle course à la succession de Dominique Anglade.
Plus loin de l’image montréalaise récente du PLQ, il pourrait relancer la formation, disent certains.
Or, d’autres libéraux soutiennent qu’il n’a pas d’assises au sein des troupes et qu’il n’a pas la réputation d’être le parfait joueur d’équipe.
– Avec la collaboration de Nicolas Lachance