Lausanne: 6 ans et demi de prison pour des crédits Covid frauduleux

Pour Halit*, même par temps de pandémie, l’occasion fait le larron. Empêtré dans des difficultés financières endémiques, ce chef de nombreuses entreprises et ancien patron d’un club sportif avait vu les crédits Covid comme une aubaine pour renflouer ses affaires et éponger une partie de son chapelet de dettes. Pour y parvenir, il a bidonné des chiffres d’affaires avec des montants exagérés afin d’obtenir l’équivalent de 10% de l’argent sous forme de prêt sans intérêt. Cet Helvético-Turc a ainsi touché l’équivalent de près de 3,5 millions de francs au printemps 2020. Une bonne partie de l’argent a pu être récupérée. Parfois, grâce à la coopération du prévenu qui avait aussi des comptes bancaires en Turquie. Coopération qui a permis de rapatrier et saisir 794’000 francs sur un montant total de 1,63 million de francs viré dans son pays d’origine par le prévenu après l’obtention des crédits Covid.

Halit s’est livré à d’autres activités délictueuses. L’homme d’affaires au carnet d’adresses fourni a ainsi convaincu plusieurs personnes d’investir dans une plateforme financière turque avec des rendements fort alléchants pouvant atteindre «80% à 120% si les fonds placés n’étaient pas retirés dans l’année». Par ce procédé, il utilisait une partie de l’argent pour rembourser des créanciers, selon le principe du bon vieux «déshabiller Pierre pour habiller Paul».

Halit a utilisé une méthode similaire en proposant des lingots d’or dans un site suisse de ventes aux enchères. Il y a publié quelque 3’400 annonces en sept mois. Le prix des métaux précieux du prévenu était  inférieur à la valeur du marché. Par ce procédé, il obtenait des liquidités lui permettant de rembourser quelques créanciers et de régler les affaires courantes.

La semaine passée, le procureur Anton Rüsch avait requis une peine ferme de 7 ans et une peine pécuniaire de 90 jours-amende à 30 francs à l’encontre de l’économiste qui a déjà passé 631 jours de détention avant jugement. 

Vendredi, lors de la lecture du verdict du tribunal criminel de Lausanne, le président Alexandre Feser a décrié «la folie des grandeurs» du prévenu, dont l’une des sociétés assurait à la clientèle un «suivi dans tous les domaines». Mais, dans l’affaire des investissements sur une plateforme financière turque, il a déploré «la légèreté confondante» des lésés. La Cour a écarté l’escroquerie et retenu l’abus de confiance. Les crédits Covid frauduleusement obtenus montrent, selon le Tribunal, que le prévenu est un «homme dangereux pour la société».  Il a été notamment reconnu coupable d’escroquerie par métier et de faux dans les titres.

En ce qui concerne l’oncle de Halit, poursuivi pour avoir dépensé à des fins privées 35’000 francs issus d’un crédit Covid, il a été condamné à une peine de  120 jours-amende à 30 francs assortie d’un sursis de 2 ans.
*Prénom d’emprunt