Mateusz Ponitka l’avait prédit. « Il y a une semaine, j’ai annoncé que chaque tournoi a sa Cendrillon. Et on y est : nous sommes Cendrillon aujourd’hui », sourit le capitaine de l’équipe polonaise de basket. En français, on se réfère davantage à un autre conte, mais il semble difficile de parler de Petit Poucet au sujet d’un joueur mesurant 1,98 mètre.
Toujours est-il que la Pologne est le conte de fées de l’Euro de basket, depuis qu’un omniprésent Ponitka (26 points, 16 rebonds et 10 passes décisives) et ses coéquipiers ont fait choir de leur trône, mercredi 14 septembre, les Slovènes, tenants du trophée (90-87). Les « bialo-czerwoni » (« blanc et rouge », en polonais) affronteront l’équipe de France masculine de basket, vendredi 16 septembre (17 h 15, sur W9 et Canal+ 360) pour une place en finale.
La victoire polonaise en quarts de finale a eu l’effet d’un séisme, notamment parce qu’elle a prématurément expédié le Slovène Luka Doncic au cimetière des « géants », où il a rejoint les deux autres têtes d’affiche de la compétition, le Serbe Nikola Jokic et le Grec Giannis Antetokounmpo. Si les trois superstars de la NBA (la ligue nord-américaine de basket) ont livré de remarquables performances dans le tournoi continental, leurs équipes se sont cassé les dents sur des adversaires plus rompus aux joutes européennes.
Les Polonais étaient convaincus de pouvoir le faire. « Aucune équipe qualifiée pour les demi-finales n’est là par accident. Avant le tournoi, elles étaient toutes des prétendantes au podium, la nôtre incluse, insiste le sélectionneur Igor Milicic. Peu de monde croyait en nous, mais, nous, on y croyait, et les quatre meilleures équipes en Europe sont qualifiées pour les demi-finales. » Soit la Pologne, la France, l’Allemagne et l’Espagne.
Un Euro « relevé »
Depuis le début de la compétition continentale, le niveau des équipes en lice est mis en exergue par de nombreux joueurs et entraîneurs, et la Pologne incarne cette compétition extrêmement resserrée. « C’est un Euro extrêmement relevé, car les éliminés restent de très fortes équipes », relève Vincent Collet. L’entraîneur de l’équipe de France avait fait de la Serbie le favori numéro un, parmi « les six ou sept équipes capables d’aller au bout ». Il a ajouté les Polonais à la liste, saluant leur « remarquable réseau défensif » face à la Slovénie.
« Donnez du crédit à la Pologne. La plupart nous voyaient favoris, mais la Pologne a une grande équipe, comme la Belgique au tour précédent », a pour sa part martelé Luka Doncic après l’élimination des siens, plutôt que de parler d’une contre-performance de son équipe. « Cela ne suffit pas d’être favori sur le papier, poursuit Vincent Collet. A partir des quarts, l’aspect sublimation est très important. » Opposés aux Italiens, vainqueurs au tour précédent de la Serbie, ses Bleus ont frôlé l’élimination en quarts de finale.
Les quatre équipes encore en lice dans la compétition ont un point commun : elles s’appuient sur un collectif, souvent poli par le temps. « Ce sont d’abord des équipes qui sont encore là. Fort heureusement, le basket reste un sport collectif, et [c’est] encore plus [vrai] dans le basket international », constate Vincent Collet. A l’exemple des Espagnols du technicien multimédaillé Sergio Scariolo, « les meilleurs depuis quinze ans dans tout ce qui est articulation collective », selon le technicien français.
« Une équipe avec un grand E »
« On n’a pas un joueur NBA, pas un joueur d’Euroligue [compétition privée et semi-fermée rassemblant 18 clubs européens], mais une équipe avec un grand E, a d’ailleurs insisté, euphorique, le Franco-Polonais Aaron Cel, après la victoire de la Pologne mercredi. On sait que chaque joueur peut en aider un autre. On a construit ces automatismes depuis 2014 [avec l’ancien coach, Mike Taylor], qui a créé une osmose, un état d’esprit collectif. On a changé de coach il y a un an, et il a rajouté sa dimension tactique. » Les Slovènes se sont notamment englués dans la défense polonaise.
Alors que de nombreux observateurs prédisaient un « remake » de la demi-finale des Jeux olympiques de Tokyo entre la France et la Slovénie (victoire des Français sur un contre dans les ultimes secondes), c’est la Pologne qui se dresse donc sur la route des Bleus pour une place en finale. Et ces derniers ne prennent pas la tâche à la légère.
« Demander si les planètes s’alignent pour nous, c’est manquer de respect envers nos adversaires, admoneste le capitaine Evan Fournier. Ces équipes ont très bien joué les matchs, elles les ont réellement dominés. On affronte les équipes qui ont gagné, et ce n’est pas dit que les matchs soient plus faciles pour nous parce qu’on évite [la Serbie ou la Slovénie] ».
L’équipe de France sait qu’elle n’a guère de marge. Contre la Turquie, puis face à l’Italie, elle a failli l’apprendre à ses dépens. « Il y a une concurrence farouche, résume Vincent Collet. La façon dont on est passés montre bien que nos adversaires pourraient être à notre place. »
Vendredi soir, les Bleus feront tout pour contraindre la Cendrillon polonaise à rentrer chez elle avant que ne sonne l’heure de la finale.
Pologne-France, vendredi 16 septembre (17 h 15, sur W9 et Canal+ 360), et en direct commenté sur Le Monde.fr.