Sur le papier, tout va bien. Paul Biya, le « président national » du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a rempilé pour un septième mandat à la tête du pays, en octobre 2018. Quelques mois plus tôt, le parti avait raflé 87 des 100 sièges de sénateurs et la razzia s’est poursuivie en 2020 à l’Assemblée nationale (152 élus sur 180) puis aux élections municipales (316 mairies sur 360).
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Des scores quasi soviétiques, qui font rêver – et enrager – l’opposition, mais n’empêchent pas la première formation politique du Cameroun d’être traversée par de profondes fractures internes qui alimentent une ambiance de fin de règne et inquiètent jusqu’au sommet de l’État.
Le volcan qui couvait est entré en éruption il y a un an, à la faveur du renouvellement des organes de base du RDPC. Une opération somme toute classique, visant à désigner les responsables locaux du parti, mais qui a donné lieu à un déchaînement de passion et de violence sans précèdent : règlements de comptes à l’arme blanche, coups et blessures, incendies de bâtiments publiques, routes coupées, pratiques occultes… La séquence a été du plus mauvais effet.