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Genève: Précarisés, des assistants universitaires tirent la sonnette d’alarme

Genève: Précarisés, des assistants universitaires tirent la sonnette d’alarme


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GenèvePrécarisés, des assistants universitaires tirent la sonnette d’alarme

Nettement moins bien lotis que leurs collègues de l’Uni de Genève et d’autres institutions académiques suisses, des employés de l’IHEID dénoncent leurs conditions salariales.

Clara Barrelet, secrétaire syndicale du Sit, appuie les revendications des assistants de l’IHEID.

Clara Barrelet, secrétaire syndicale du Sit, appuie les revendications des assistants de l’IHEID.

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«Je ne peux pas tomber malade, sinon j’aurai du mal à régler mes frais médicaux», lâche Emma*. «Ceux qui sont parents doivent demander un prêt pour mettre leurs enfants en garderie, faute de revenus suffisants», enchaîne Nora*. À ses côtés, Marc* fait la moue: «Les logements d’étudiants sont les seuls accessibles pour moi; ailleurs, c’est trop cher. Et je refuse régulièrement des sorties entre amis pour des raisons économiques». Mardi, des assistants d’enseignement de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) ont dénoncé la «précarité» de leur situation. Appuyés par le Syndicat Sit, ils réclament une revalorisation salariale.

Parents pauvres du monde académique

«Nous avons de bonnes qualifications», ont-ils fait remarquer. Pourtant, en creux, ils se sentent dépréciés. Leurs revenus sont bien moindres que ceux de leurs pairs de nombreuses institutions académiques suisses. Comparés à leurs collègues de l’Université de Genève (UNIGE), par exemple, dont les rémunérations sont calquées sur la grille salariale du Canton, ces assistants de l’IHEID gagnent quelque 1100 fr. net de moins par mois et ne bénéficient pas d’un 13e salaire. Par ailleurs, ils doivent s’acquitter de 2500 fr. annuels de taxes d’études, contre 130 fr. au sein de l’alma mater genevoise.

Résultat: ils gagnent environ 3000 fr. net par mois (partagés entre un salaire et une bourse) pour, en réalité, un travail à plein temps. «Règlementairement, on ne peut pas être assistant sans mener une thèse, qui nous prend énormément de temps et ne permet pas d’avoir un deuxième travail rémunéré», a relevé l’un des protestataires. Secrétaire syndicale au Sit, Clara Barrelet remarque pour sa part que «les thèses des étudiants font rayonner l’IHEID, qui bénéficie de fonds cantonaux et fédéraux, tout en préparant la relève scientifique du pays».

Nouveau contrat insuffisant

Établis unilatéralement par l’institut, de nouveaux contrats sont entrés en vigueur le 1er septembre dernier. Ils respectent le salaire horaire minimum légal à Genève, «mais ils ne résolvent en rien la précarité des assistants», clame le Sit. Selon le personnel, il faut notamment majorer le paiement des heures de travail dévolues à leur thèse et les payer dans leur intégralité. Sur ce point, d’après eux, comparé à d’autres institutions académiques, l’IHEID est franchement à la traîne.

L’IHEID «comprend», mais se défend

«La situation des assistants d’enseignement est compliquée. Nous les comprenons, mais les discussions ne sont pas encore terminées», assure Grégoire Mallard, directeur de la recherche à l’IHEID. Face à la précarité de ces 70 employés-là, deux ans de négociations sur les conditions de travail et d’études des doctorants ont permis d’établir des nouveaux contrats «bien meilleurs», avec notamment «des bourses et des primes en hausse», selon le responsable. «Nous allons investir 1,2 million de francs ces deux prochaines années pour améliorer les choses.» Grégoire Mallard juge cependant difficile de comparer la situation des assistants avec celle de leurs collègues d’autres institutions académiques: «Notre modèle anglo-américain leur offre des conditions d’étude plus favorables. Ils peuvent aussi loger dans nos résidences d’étudiants, qui sont de bonne qualité.» Quant aux reproches du syndicat, qui accuse l’IHEID d’avoir récemment bloqué les discussions, l’institut les balaie: «Sans nous prévenir, le Sit a écrit au Département de l’instruction publique, avec qui nous devons maintenant clarifier certaines choses. Mais les négociations avec le syndicat doivent reprendre d’ici à fin janvier.»



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