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En Suisse, difficile d’acheter une exploitation agricole quand on ne naît pas paysan – rts.ch

En Suisse, difficile d’acheter une exploitation agricole quand on ne naît pas paysan - rts.ch


Un quart des jeunes avec un CFC d’agriculteurs ne trouve pas d’exploitation à reprendre en Suisse, faute d’avoir grandi dans le métier. Le droit foncier rural favorise la transmission des terres agricoles exclusivement au sein de la famille. Témoignages.

Après un bachelor en économie, Léonard Giorgis a tout plaqué pour débuter un CFC en agriculture en août dernier. Passionné par le métier, il est aujourd’hui apprenti dans une ferme vaudoise spécialisée en permaculture. « J’ai choisi l’agriculture car c’est un métier qui fait du sens, qui répond aux défis environnementaux et alimentaires de demain ».

Son rêve ? Acquérir sa propre exploitation agricole. Une tâche qui s’annonce difficile. « Je sais qu’au terme de ma formation ça va être extrêmement compliqué d’acquérir une ferme. Je réfléchis à partir en France. En Suisse, c’est quasiment impossible d’accéder à la terre quand on ne vient pas d’une famille de paysans », explique-t-il.  

Selon un sondage réalisé par l’Université de Lausanne et Uniterre, un quart des jeunes avec un CFC d’agriculteurs ne trouve pas d’exploitation à reprendre en Suisse, faute d’avoir une famille dans le métier.

Parcours du combattant

En Suisse, le droit foncier rural favorise la transmission des terres agricoles exclusivement au sein de la famille. Des difficultés qu’Antoine Hentsch, l’employeur de Léonard, a rencontrées le long de son parcours. Après un CFC d’agriculteur et un diplôme d’ingénieur agronome, il se lance à la recherche d’une exploitation à reprendre. C’est seulement après sept ans et plusieurs refus qu’il trouve la perle rare. Mais cela a un coût.  « Je ne suis pas fils d’agriculteurs, ce qui crée de facto une difficulté d’accès à la terre. Ce qui veut dire concrètement que si on est un nouvel arrivant, on a besoin de beaucoup plus de capitaux pour acheter une ferme », témoigne-t-il.

Selon Uniterre, le prix d’achat d’une exploitation peut être 5 fois plus cher pour les personnes non issues du milieu paysan. S’il a réalisé son rêve, Antoine est aujourd’hui fortement endetté.

« La politique agricole n’encourage pas la reprise d’exploitation par des néo-ruraux. Il y a déjà une forte concurrence entre les agriculteurs. Il n’y a pas d’intérêts à faire entrer de nouveaux arrivants et de se partager le gâteau », ajoute-t-il.

Diminution des terres

Selon l’Office de l’agriculture, le nombre d’exploitations a diminué de 31% en 20 ans. La terre devient de plus en plus rare en Suisse: environ un mètre carré de surface agricole disparaît chaque seconde. Pour Uniterre, la politique agricole est face à un paradoxe: l’accès à la terre devrait être au contraire facilité, afin de mieux garantir notre sécurité alimentaire.

« On a une loi qui protège assez bien les familles paysannes, mais qui ne permet pas le développement d’une génération future ou d’une agriculture alternative à plus petite échelle », explique Alberto Silva, secrétaire politique à Uniterre. « Le métier d’agriculteur n’est pas valorisé. Cela ne donne pas envie aux jeunes de se former, de reprendre une ferme. Au final, on risque de voir notre taux d’approvisionnement baisser ».

Pas de modification de loi

À Berne, l’Union suisse des paysans soutient que la production agricole reste stable malgré cette diminution. Si des aides à l’installation existent pour les nouveaux arrivants, elle estime que certaines mesures pourraient être renforcées.

Pour son vice-directeur Francis Egger, les néoruraux doivent surtout s’armer de patience. « C’est un métier qui demande de la persévérance. Et puis il faut acquérir trois choses. Premièrement de l’expérience, ce qui prend plusieurs années. Il faut mettre en place son réseau et se créer des contacts. Enfin, il faut monter un projet rentable. Si on à cette patience, un jour ou l’autre l’occasion se présentera ».

Pour l’instant, aucune modification de loi pour faciliter l’accès à la terre n’est prévue au Parlement.

Sarah Jelassi

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