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Incendies de forêt en GirondeDouze Genevois en appui contre le feu français du siècle
Les pompiers du SIS ont donné un coup de main à Landiras (F) et ont engrangé de précieuses connaissances. Les sapeurs du bout du lac songent à acquérir du matériel contre les feux de végétation.
Douze sapeurs-pompiers genevois ont uni leurs efforts à ceux de leurs 2000 collègues français qui luttent contre le gigantesque incendie de forêt de Landiras. Ils se sont rendus en Gironde, près de Bordeaux, du 20 au 24 juillet. Le 15, alors que la France était en proie à divers feux de ce type, le Service d’incendie et de secours (SIS) du bout du lac avait proposé des renforts à la zone de sécurité civile sud-est. Il pensait alors se rendre disponible pour les Bouches-du-Rhône, également sinistrées. «Mais le 19, le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises nous a rappelés, nous demandant si nous pourrions plutôt intervenir en Gironde», raconte le lieutenant-colonel Frédéric Jaques.
Ni une, ni deux, après avoir sollicité l’autorisation de la Ville de Genève et averti la Confédération, le SIS y a donc envoyé douze hommes, deux tonnes-pompes et deux véhicules de transport. «Nous n’avons pas touché les effectifs des casernes. Les sapeurs étaient tous des volontaires qui ont pris sur leurs congés et leurs vacances. Les camions, eux, appartenaient à notre école de formation, fermée durant l’été.»
21’000 hectares en flammes
Arrivés le 20 juillet en fin d’après-midi au centre de secours du Pilat, au pied de la dune du même nom, juste à côté de l’incendie de la forêt de La Teste-de-Buch, les Genevois ont vite été réaffectés à Landiras. «Le plus gros feu des quarante dernières années en France, d’un périmètre de 65 kilomètres pour une surface de 21’000 hectares.» Là-bas, les sapeurs, en compagnie de collègues venus de toute la France («d’Alsace, de Lorraine, du Nord-Pas-de-Calais, de Bretagne…»), ont été engagés en renfort des spécialistes.
En appui en lisière de forêt
«Nous ne sommes pas du tout intervenus en tant qu’experts, mais en appui, afin de permettre aux unités engagées de se reposer.» Le SIS ne disposait notamment pas du matériel pour intervenir en forêt, soit des véhicules tout-terrain capables de progresser en renversant les arbres et de gicler de l’eau en mouvement. «Notre rôle consistait à gérer les reprises de feu en lisière de forêt sur le secteur qui nous avait été attribué. Nous en avons traité une centaine.» Les sapeurs ont travaillé 24 heures sur 24, du matin du 21 juillet à celui du 24 juillet, six étant engagés pendant que les six autres se reposaient, et ainsi de suite.
Si c’est la solidarité qui a motivé leur offre de service, «très clairement, le retour opérationnel est précieux. Douze personnes ont pu voir les moyens et les techniques utilisés», confie Frédéric Jaques. Des connaissances qui pourraient malheureusement s’avérer précieuses à l’avenir en Suisse: «Nous n’avions jamais imaginé une telle évolution du climat.»
Genève songe à s’équiper
Le SIS ne dispose pas pour l’heure d’engins adaptés aux feux de végétation. «Jusqu’à présent, cela ne faisait pas sens», explique le lieutenant-colonel Frédéric Jaques. Dorénavant, vu l’envol des températures, les Genevois songent à acquérir de tels moyens – en l’occurrence, deux véhicules. Ils ont constaté qu’il fallait du matériel «rustique, avec le moins d’équipement électronique possible, des tenues et des formations adaptées». Par ailleurs, de tels sinistres «sont extrêmement gourmands en personnel. La réponse ne peut qu’être nationale.» Genève veut se coordonner avec Vaud, mais aussi avec le Valais et le Tessin, «les deux cantons les plus à la pointe en matière de feux de végétation», ainsi qu’avec l’Ain et la Haute-Savoie (F). Le canton du bout du lac abrite 3000 hectares de forêt. «Celles de Jussy et de Versoix sont très humides, donc pas problématiques. Le vallon de l’Allondon et la région de Chancy, eux, sont plus à risque.»