Skyguide peine à recruter de nouveaux contrôleurs aériens, particulièrement en Suisse romande. Ce mois de septembre, cinq élèves ont commencé la formation, alors que seize places étaient à prendre. 15 Minutes a cherché à comprendre ce manque d’intérêt.
C’est une tendance générale en Europe: un besoin de nouveau personnel chez les aiguilleurs du ciel. Skyguide, qui fête cette année cent ans de service de navigation aérienne en Suisse, ne fait pas exception. « C’est un challenge pour les années à venir », admet Maximilien Bretz, responsable de la formation sur le site genevois de la société.
« Dans les cinq prochaines années, on va perdre une trentaine de collègues qui partiront à la retraite » au centre de contrôle régional de Genève, précise le formateur. « On doit les remplacer pour pouvoir continuer à offrir le plus de capacités possibles aux avions qui veulent traverser nos secteurs ».
Métier méconnu?
Parmi les pistes qui expliquent ce manque d’engouement, Maximilien Bretz évoque des différences dans l’état d’esprit des jeunes d’aujourd’hui: « Les horaires réduits pourraient les attirer, mais la responsabilité inhérente au métier peut faire peur ».
Il y a des périodes de stress, mais c’est comme dans chaque métier
Sophie Braun, 31 ans, est en passe de terminer cette formation. Elle estime que le métier de contrôleur aérien est méconnu des jeunes: « C’est plus un manque de connaissance qu’un manque d’intérêt ».
Sophie a choisi de se spécialiser dans le contrôle radar et aura la responsabilité de gérer le trafic des avions à haute altitude depuis le centre de contrôle régional de Genève: « C’est vrai que l’image du contrôleur aérien, c’est plutôt quelqu’un qui travaille dans une tour ». Elle travaillera pour sa part dans une salle sans fenêtres pour éviter les reflets dans les écrans, à l’opposé des baies vitrées d’une tour de contrôle.
La jeune femme admet que la formation est « rude », mais « pour arriver à un niveau où on sait ce qu’on fait ». On ne transige pas avec la sécurité. Les conditions d’entrée pour ce cursus sont strictes, ce qui implique aussi que bon nombre de candidatures sont écartées.
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Revaloriser la fonction
« La plupart des unités sont en flux tendu », relève Quentin Tonascia, président d’HelvetiCA, syndicat des contrôleurs aériens. « Je pense que Skyguide a été dépassé par l’augmentation régulière du trafic et la technologie n’a pas permis de compenser la baisse du nombre de contrôleurs aériens ».
Lui aussi observe que la nouvelle génération semble moins intéressée par ce métier: « Il faut trouver peut-être d’autres manières de revaloriser ». Le syndicaliste dit avoir confiance en l’entreprise pour trouver des solutions pour combler les manques d’effectif.
Pour tenter d’attirer du monde, Skyguide a déjà décidé de nettement revaloriser le salaire d’un contrôleur aérien en formation. Il passe à 4000 francs par mois la première année, contre 2000 francs auparavant. « On saura à la rentrée de l’année prochaine si cela génère plus de candidatures », conclut Maximilien Bretz.
Katia Bitsch, Guillaume Rey