Le Conseil fédéral a présenté des mesures pour ancrer les modèles de prix des médicaments les plus chers. Même s’il négocie déjà des rabais confidentiels pour certains médicaments, il ne peut pas garantir à 100% que ces négociations resteront confidentielles. C’est pourquoi il souhaite l’inscrire dans la loi.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) se base actuellement sur deux critères pour négocier les prix des médicaments avec l’industrie pharmaceutique. Le premier est celui de la comparaison thérapeutique, c’est-à-dire voir combien coûte en moyenne un traitement déjà existant pour la même maladie en Suisse.
Le deuxième critère est la comparaison internationale qui se base sur neuf pays dont la situation socio-économique est relativement comparable à celle de la Suisse. Dans cette liste se trouvent notamment l’Allemagne, l’Autriche et la France. Ainsi, la moyenne des deux critères définit le prix final du médicament.
Des prix trop élevés
Mais selon les autorités, la base de calcul est trop élevée car, en réalité, les neuf pays de référence négocient en secret des prix plus bas avec l’industrie pharmaceutique. Ainsi, les tarifs utilisés par la Suisse pour la comparaison sont les prix plus élevés. Pour l’OFSP, la Suisse doit elle aussi négocier par derrière un tarif au rabais.
« En profitant du même système que les autres pays, la Suisse pourrait avoir un accès plus rapide aux médicaments car il y a moins de discussions avec les fabricants et surtout les avoir à un prix plus avantageux. Du moment que ce système est pratiqué à l’étranger, la Suisse n’a pas d’autre choix que faire de même », explique Grégoire Gogniat, porte-parole de l’OFSP.
Toutefois, si ancrer dans la loi, en l’occurrence la LAMal, des « modèles de prix » confidentiels pour les médicaments les plus chers baisserait les coûts, les médicaments ne seraient plus soumis à la loi sur la transparence.
« Donner le pouvoir aux fabricants »
Les médicaments représentent environ 20% des dépenses dans l’assurance obligatoire, causant souvent la hausse des coûts de la santé pour les caisses maladie. Les autorités estiment que le coût des médicaments les plus chers pourrait en moyenne baisser de 25%.
Mais pour la Fédération romande des consommateurs (FRC), la méthode choisie par le Conseil fédéral n’est pas la bonne. « On marche sur la tête avec une mesure comme celle-ci, puisque finalement on donne encore davantage de pouvoir aux fabricants », fustige Yannis Papadaniel, responsable santé à la FRC.
« On les laisse nous octroyer des rabais mais en même temps on leur accorde la compétence de nous cacher le montant de ces rabais. Il y a une contradiction fondamentale selon la Fédération romande des consommateurs », ajoute-t-il.
Pour la FRC, d’autres méthodes peuvent permettre de faire baisser les prix des médicaments tout en respectant un principe de transparence, comme la pratique des négociations groupées où plusieurs pays se mettent ensemble pour négocier ensemble des prix. La question sera prochainement débattue au Parlement.
Cynthia Racine/aps