La candidate de l’UDC au Conseil fédéral Michèle Blöchliger reconnaît avoir la double nationalité suisse et britannique. Dans un premier temps, la conseillère d’Etat nidwaldienne avait déclaré que cette information n’était “pas exacte”. Elue ou pas, elle va de toute manière renoncer à la nationalité britannique, précise-t-elle.
Contrairement à ce qu’elle a indiqué en annonçant sa candidature au Conseil fédéral, l’UDC nidwaldienne Michèle Blöchliger est non seulement suisse mais aussi sujette de Sa Majesté, affirme mercredi le Tages-Anzeiger. La conseillère d’Etat, seule candidature féminine à la succession d’Ueli Maurer, possède la nationalité britannique par sa mère, qui est anglaise.
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Devant la presse lundi à Stans, Michèle Blöchliger avait pourtant démenti cette information, qui figurait sur Wikipedia. Or, c’est bien l’encyclopédie en ligne qui avait raison. Celle-ci se fondait d’ailleurs sur le propre site internet de la politicienne UDC. La mention de sa double nationalité, qui a disparu, y était encore présente à la fin novembre 2021, comme en témoigne une recherche sur le site d’archivage des pages web Wayback Machine.
Michèle Blöchliger admet aujourd’hui s’être « exprimée de manière imprécise et malheureuse ». Même si son passeport est expiré depuis plus de dix ans, elle n’a jamais renoncé formellement à la nationalité britannique, confesse-t-elle dans le journal zurichois. Elle compte toutefois le faire$, qu’elle soit élue au Conseil fédéral ou non.
Différentes appréciations de la loyauté
Pour l’UDC genevois Yves Nidegger, lui-même binational suisse et français, la conseillère d’Etat nidwaldienne a bien fait de dire qu’elle renonçait à sa nationalité britannique. « A partir du moment où (le fait de possèder un deuxième passeport) est perçu comme problématique par la population, il faut en tirer les conclusions, que ce soit objectivement problématique ou pas », souligne le conseiller national.
Le conseiller d’Etat genevois Mauro Poggia, qui possède un passeport italien, conteste vivement cette appréciation. « Michèle Blöchliger a été conseillère d’Etat, elle n’a pas démérité, elle a montré sa loyauté à son canton et à son pays », relève-t-il. « Notre richesse est aussi notre diversité. Ca ne veut pas dire que cette diversité est un signe d’une potentielle déloyauté », ajoute l’élu MCG.
Italo-suisse elle aussi, la Verte Lisa Mazzone est du même avis. Quand le Parlement élit une personne au Conseil fédéral, c’est qu’il a pu « voir et apprécier sa loyauté et son intérêt pour le bien public », note la sénatrice genevoise. Pour elle, « la question de la double nationalité n’est absolument pas pertinente. » Seule exception selon elle: le cas d’une guerre.
Un débat lancé par l’UDC
La double nationalité des conseillers fédéraux est une question sensible au sein de l’UDC. En 2017, l’actuel président du parti Marco Chiesa avait déposé une initiative parlementaire pour que seules les personnes « 100% suisses » puissent accéder au Conseil fédéral. Objectif: éviter les potentiels conflits de loyauté. Cette proposition n’avait pas trouvé grâce au Parlement. Seuls les élus UDC l’avaient approuvée.
Le débat avait été alimenté par les candidatures d’Ignazio Cassis et de Pierre Maudet, tous deux binationaux, pour reprendre le siège laissé vacant par Didier Burkhalter. Né de parents italiens et naturalisé en Suisse à l’âge de 15 ans, le Tessinois renoncera publiquement à sa nationalité italienne en août 2017, un mois avant son élection. Quant au Genevois, il déclarera être prêt à abandonner temporairement son passeport français s’il était élu.
Jusqu’à présent, la Suisse n’a jamais eu de conseiller fédéral binational.
Didier Kottelat