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Coup de frein réclamé pour le cours Culture et citoyenneté québécoise

Coup de frein réclamé pour le cours Culture et citoyenneté québécoise


Programme incomplet, matériel pédagogique insuffisant et profs mal formés: le départ semble difficile pour le nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise, qui est enseigné sous forme de projets pilotes dans des écoles cette année. Un coup de frein est déjà réclamé, alors que «l’omerta» entourant cette expérimentation est aussi dénoncée.

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Ce nouveau cours, qui remplacera le controversé programme Éthique et culture religieuse, est testé cette année dans une trentaine d’écoles québécoises. Québec vise son implantation dans tous les établissements primaires et secondaires dès la rentrée 2023. 

Or il s’agit d’une «commande politique irréaliste», affirme une source impliquée dans le déploiement des nouveaux contenus. 

«Les écoles pilotes n’ont pas beaucoup de matériel, tout est à construire. Les formations arrivent au compte-gouttes», déplore-t-elle. Une version provisoire du programme est disponible en ligne, mais des sections entières restent à compléter. 

Le son de cloche provenant d’enseignants qui participent aux expérimentations est semblable. «Pour qu’un projet pilote soit efficace, qui faut mettre en œuvre un programme écrit. Le Ministère finit l’écriture du programme pendant les projets pilotes. Malgré toute la bonne volonté […], si on veut pouvoir se former de façon cohérente, il faut reporter d’un an», affirme une enseignante. 

Line Dubé, présidente de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse, abonde dans le même sens. «C’est beaucoup trop rapide, ça ne marche pas. Il faudrait reporter d’au moins un an pour avoir le temps de bien faire les choses. Elle est où, l’urgence?», lance-t-elle. 

Cette dernière rappelle que le cours Éthique et culture religieuse, dont l’implantation ne s’était pas faite sans heurt, avait été testé pendant deux années complètes avant son implantation à grande échelle. 

L’éducation à la sexualité, qui sera maintenant enseignée dans le cadre de ce nouveau cours, suscite aussi plusieurs inquiétudes, ajoute Mme Dubé. 

À la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), on constate aussi que les débuts sont difficiles pour le nouveau cours.  

Des enseignants qui participent aux projets pilotes s’attendaient à du contenu pédagogique «clé en main», mais aucune situation d’évaluation et d’apprentissage n’est encore disponible, déplore sa présidente, Josée Scalabrini. «On est en train de construire l’avion en plein vol», lance-t-elle. 

À la Fédération autonome de l’enseignement, on estime que cette réforme mériterait un coup de frein afin de permettre de compléter la rédaction du programme et du matériel pédagogique qui y est associé. 

«Omerta» 

Josée Scalabrini s’étonne par ailleurs du manque de transparence entourant ces projets pilotes.  

La Fédération a dû faire une demande d’accès à l’information pour obtenir la liste des écoles qui y participent, alors que les enseignants qui expérimentent le programme ont dû signer des ententes de confidentialité. 

«C’est la première fois que je vois ça. J’ai déjà vu des ententes de confidentialité lorsqu’un programme est en développement, mais pas quand tu es en projets pilotes. Je n’ai jamais eu connaissance que ça aille si loin. C’est l’omerta. C’est très surprenant», affirme Mme Scalabrini. 

Au ministère de l’Éducation, on indique que les ententes de confidentialité ont été conclues avec les enseignants «pour éviter que les informations partagées soient divulguées à l’externe par toute autre personne que le Ministère lui-même». 

Les programmes provisoires qui font l’objet de projets pilotes au primaire et au secondaire ont été rendus publics «par souci de transparence et de manière exceptionnelle», souligne son porte-parole, Bryan St-Louis. 

Le Ministère prévoit toujours l’entrée en vigueur du nouveau programme pour la rentrée 2023, ajoute-t-il.  

Culture et citoyenneté québécoise 

  • Ce cours remplacera celui d’Éthique et culture religieuse, enseigné depuis 2008.
  • Il fera partie de la grille-matière du début du primaire jusqu’à la fin du secondaire (excepté en troisième secondaire).
  • Ce nouveau cours vise à préparer les jeunes Québécois à l’exercice de leur citoyenneté, grâce à la pratique du dialogue et au développement de la pensée critique.
  • Au primaire, la connaissance de soi, les relations avec les autres, l’éducation numérique, l’identité et la transition écologique pourraient faire partie des thèmes abordés.
  • Au secondaire, les élèves pourraient notamment discuter des institutions publiques, de la diversité sociale, de la transformation identitaire, des droits et responsabilités et de relations égalitaires.
  • Des contenus d’éducation à la sexualité seront intégrés dans ces différents thèmes.
  • Un programme provisoire au primaire et au secondaire est testé cette année dans 32 écoles sous forme de projets pilotes.

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