Publié le :
Avec six buts au compteur, l’attaquante anglaise Beth Mead est pour l’instant la meilleure buteuse de l’Euro. Véritable machine à marquer, la joueuse d’Arsenal avait pourtant été écartée de la sélection pour les Jeux olympiques l’an dernier. Un an après, elle a pris sa revanche et a largement contribué à la qualification des « Lionesses » pour la finale.
« Quelle nuit et quelle atmosphère incroyable venant des fans. Je suis très fière d’être anglaise et de faire partie de cette équipe. » Après la victoire écrasante des « Lionesses » en demi-finale de l’Euro face à la Suède (4-0), l’attaquante Beth Mead n’avait pas de mots assez forts pour exprimer sa joie.
C’est elle qui a lancé son équipe en ouvrant le score à la 34e minute. Sur un centre magnifique de Lucy Bronze, elle a trouvé le chemin des filets scandinaves grâce à une demi-volée en pivot. Avec ce sixième but sur la compétition, auquel on peut ajouter trois passes décisives, Mead a déjà égalé le record de buts inscrits pour une joueuse lors d’un Euro, établi par l’Allemande Inka Grings en 2009.
Malgré cette remarquable performance individuelle, la joueuse d’Arsenal, âgée de 27 ans, préfère louer le collectif : « On a toujours su qu’on avait les capacités, mais la foi qu’on a en nous, individuellement et collectivement, est au maximum. Cela se voit sur et en dehors du terrain, je pense. »
« Je n’étais pas bien l’été dernier »
Mais si le Covid-19 n’avait pas repoussé la compétition féminine d’un an, elle n’aurait certainement pas fait partie de la sélection. Douze mois plus tôt, Beth Mead avait ainsi été écartée des Jeux olympiques de Tokyo par la sélectionneuse Hege Riise. Une décision qu’elle avait très mal vécu. « Je n’étais pas bien l’été dernier », a-t-elle récemment raconté au Telegraph.
« Je me déteste d’avoir ressenti cela, mais je me suis retrouvée assise chez moi à avoir des pensées négatives au sujet de certaines joueuses, à vouloir qu’elles jouent mal pour que les gens réalisent que c’était une erreur de ne pas m’avoir prise », avait-elle détaillé.
« Personne ne me disait ce que je devais améliorer ou la raison pour laquelle d’autres étaient choisies pour les JO et pas moi », a-t-elle plaidé. « Le seul retour que j’ai eu, c’est que j’étais ‘trop agressive dans ma façon de jouer’, et je n’arrivais pas à le comprendre. J’ai toujours joué comme ça. »
« Plus dure que la plupart des garçons »
Celle que l’on surnomme « Meado l’Enragée » est en effet connue pour son jeu rude. Née dans la campagne du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, elle est poussée vers le football par sa mère qui cherche un exutoire pour cette boule de nerfs.
« Elle sera la seule fille ici. Et (les garçons) sont assez durs, ça ira ? », avait averti l’entraîneur, le premier jour. « Quand (ma mère) est revenue, une heure plus tard, il lui a dit en gros que j’étais encore plus dure que la plupart des garçons », a-t-elle raconté au site de la fédération anglaise.
Après un passage dans des équipes locales, elle est finalement repérée à l’âge de 16 ans par le club de Sunderland. Pour son premier match de haut niveau, elle marque un but contre les championnes en titre de Liverpool. En quelques saisons, elle s’impose comme l’une des joueuses les plus en vue d’Angleterre et tape dans l’œil d’Arsenal, qui lui fait signer un contrat professionnel en 2017.
En sélection, elle fait ses débuts avec l’équipe première en 2018, mais les rapports ne sont pas au beau fixe avec l’entraîneur Philip Neville, l’ancienne star de Manchester United qui, selon le Guardian, l’accuse d’être trop décontractée et seulement heureuse lorsqu’elle se rend à Whitley Bay, une station balnéaire du nord-est de l’Angleterre, « pour manger un fish and chips ».
La confiance de Wiegman
L’arrivée de la sélectionneuse Sarina Wiegman a changé la donne. Après une saison exceptionnelle sous les couleurs d’Arsenal avec 26 passes décisives et 12 buts au total, la technicienne néerlandaise lui a fait confiance. L’alchimie entre les deux femmes fonctionne. « Elle est très directe. On pourrait dire abrupte pour l’Angleterre, mais c’est très néerlandais. Elle va toujours droit au but. On avait besoin de cette franchise (…). J’adore jouer pour elle », a souligné Beth Mead, qui a marqué 20 fois en 19 matches depuis que Sarina Wiegman est sur le banc.
La serial buteuse admet aussi que sa non-sélection pour les JO de Tokyo en 2021 a représenté un déclic. « Cela a allumé un feu en moi. Je ne voulais pas le ressentir de nouveau. Au contraire, cela m’a donné encore plus de détermination et de concentration. Je joue mon meilleur football quand je suis en colère. » Si cette rage devenue positive est toujours présente, l’attaquante pourrait encore une fois se révéler très efficace et impitoyable avec ses adversaires, dimanche, lors de la finale à Wembley. Les supporters anglais ont d’ores et déjà baptisé l’Euro le « Beth Mead Revenge Tour » – la tournée de revanche de Beth Mead.
Avec AFP