Microsoft 1, Google 0. Le géant de la recherche en ligne n’a pas perdu la guerre de l’IA, mais la première bataille, celle de la communication. Lors d’une démonstration de ses capacités, Bard, l’agent conversationnel de Google, a généré une réponse factuellement fausse. Partagée par l’entreprise elle-même sur Twitter et auparavant sur son blog (aujourd’hui modifié), la boulette publicitaire aura coûté plusieurs milliards de dollars en valeur boursière au groupe.
Des « tests rigoureux » encore nécessaires
La démonstration partagée par Google montre un utilisateur posant la question suivante à Bard : « Quelles sont les nouvelles découvertes du télescope spatial James Webb (JWST) dont je peux parler à mon enfant de 9 ans ? » Rapidement, l’outil génère une réponse affirmant que James-Webb a pris « la toute première image d’une planète en dehors de notre système solaire. » Or, comme le confirme l’astrophysicien Grant Tremblay sur Twitter, le premier cliché d’une exoplanète a été capturé par le télescope VLT Yepun à l’observatoire du Cerro Paranal en 2004, soit 17 ans avant le lancement de James-Webb.
Contacté par Reuters, un porte-parole de Google a confirmé l’erreur et affirme que cette dernière souligne la nécessité de « tests rigoureux » avant le lancement public du service et son intégration à Google Search. « Nous combinerons les commentaires externes avec nos propres tests internes pour nous assurer que les réponses de Bard répondent à des critères élevés de qualité, de sécurité et d’ancrage dans des informations du monde réel« , assure-t-il.
Déception générale
Depuis plusieurs semaines, Google accélère ses projets d’intelligence artificielle en interne pour tenter de contrer ChatGPT et Microsoft. Le développeur de Bing a annoncé qu’il intégrerait les fonctions principales de l’agent conversationnel d’OpenAI dans son moteur de recherche au cours des toutes prochaines semaines. Une révolution dans la manière de rechercher des informations sur le Web qui effraye Google. Actuellement, dans le monde, Google Search représenterait 93,9 % de la recherche en ligne, tout appareils confondus, selon Webrankinfo. Un monopole qui pourrait céder sous la pression de nouveaux moyens de recherche plus novateurs et intelligents.
Mercredi 8 février, Google tenait une conférence à son siège parisien. Beaucoup de spécialistes attendaient une présentation et une démonstration plus poussée de Bard, mais il n’en fut rien. Le géant de Mountain View préférant présenter plusieurs améliorations de ses produits grâce à l’intelligence artificielle.
La frilosité de Google au sujet de son IA générative, couplée à la boulette de Bard quelques heures après son événement, n’ont pas manqué de décevoir les investisseurs. En quelques heures, les actions Alphabet se sont écroulées de près de 9 %, faisant perdre plus de 100 milliards de dollars de valorisation au groupe.