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Lors de la deuxième étape du Tour de France Femmes entre Meaux et Provins, la meilleure équipe française, la FDJ-Suez-Futuroscope, a vécu une course compliquée, ponctuée par les chutes de ses leaders.
Parfois, malgré la meilleure préparation possible et le plan le mieux élaboré, tout va de travers. C’est ce qu’a vécu la FDJ-Suez-Futuroscope lundi 25 juillet entre Meaux et Provins, lors de la deuxième étape du Tour de France Femmes. (Mal)heureux hasard, France 24 suivait l’équipe lors de cette journée.
« Cette étape, c’est l’étape typique où on ne peut pas gagner le Tour mais on peut le perdre », avait averti, en guise de briefing, Stephen Delcourt, le manager de l’équipe FDJ-Suez-Futuroscope. « Quand on joue le classement général, il n’y a pas de journée facile. »
En effet, le but affiché de la FDJ pour ce Tour de France est la victoire finale – ou au moins le podium. En l’absence de sprinteuses dans l’équipe, sur une étape de plat comme Meaux-Provins, l’objectif a donc logiquement été de protéger les deux prétendantes au classement général final, Cecilie Uttrup Ludwig et Marta Cavalli, pour éviter qu’elles ne perdent du temps.
Au moment de briefer ses coureuses, Stephen Delcourt pointe deux gros dangers de cette étape : une fin bardée d’aménagements routiers dangereux et un vent qui doit rendre nerveux le peloton, soufflant jusqu’à 45 km/h et propice aux bordures. La suite lui donnera raison.
Tout d’abord, un point d’explication s’impose. Le cyclisme est un sport d’aspiration. Autrement dit, chaque coureuse a intérêt à s’abriter du vent derrière celle qui la précède ou au sein d’un peloton pour économiser ses forces. On parle de bordure ou d’éventail, lorsqu’une équipe cherche à tirer profit d’un vent latéral ou de trois quarts face. Elle va occuper l’entièreté de la largeur de la route pour que le reste du peloton se retrouve sans abri. En l’absence de réaction immédiate, une coureuse peut se retrouver détachée du peloton, perdre le bénéfice de l’aspiration et ainsi être complètement lâchée. C’est notamment l’infortune qui avait frappé le Français Thibaut Pinot lors du Tour 2019, lui faisant céder 1 min 40 sur une banale étape de plat.
Qu’est ce qu’une bordure ?
La FDJ n’est pas la seule équipe à avoir anticipé le risque d’une bordure et c’est un peloton sur les nerfs qui quitte Meaux. À chaque changement de direction, les relances sont nombreuses. La première partie de l’étape, jusqu’à Maincy à 75 km de l’arrivée, est du tableau noir pour l’équipe française. Les deux équipières Marie Le Net et Vittoria Guazzini n’hésitent pas à se porter à l’avant pour créer une bordure en collaborant avec l’équipe Trek-Segafredo. Rachel Neylan (Cofidis) et la championne de Belgique Kim De Baat (Plantur-Pura) sont un temps victimes de la manœuvre.
Marta Cavalli contrainte à l’abandon
Après Maincy, la FDJ – tout comme le peloton – respire un peu. Sur le papier, le risque de bordure s’estompe. L’accalmie est cependant de courte durée. Une attaque de la maillot blanc Maike van der Duin relance la nervosité et l’équipe française en fait les frais.
À 24 km de l’arrivée, Marta Cavalli, qui traîne à l’arrière du peloton, est prise dans une chute. Alors qu’elle évite une coureuse à terre, elle est percutée de plein fouet par la championne d’Australie, Nicole Frain (Parkhotel-Valkenburg). Elle repartira difficilement avant de finalement abandonner.
« On ne peut pas tout expliquer dans une chute. Certes, elle n’est pas très bien placée mais elle a souvent peur de frotter [pour rester placée en tête de peloton, NLDR]. Elle préfère assurer. Derrière, c’est un manque de professionnalisme de la championne d’Australie qui arrive à 60 km/h sans lever la tête », analyse a posteriori Stephen Delcourt. « Les images sont vraiment horribles. Notre sport est très dangereux et ce genre de chute m’inquiète énormément. »
« Elle voulait continuer mais l’équipe a dit non : on ne veut pas jouer avec la vie de nos coureuses », lâche Stephen Delcourt. Les premières analyses lui donneront raison : la joueuse a été victime d’une commotion cérébrale.
Cecilie Uttrup Ludwig et Évita Muzic également à terre
La FDJ n’est cependant pas au bout de ses peines. Quelques kilomètres plus loin, c’est au tour de son autre leader, la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, de se retrouver dans une chute. Comme convenu, ses équipières Marie Le Net, Vittoria Guazzini et Grace Brown l’attendent et font leur possible pour la ramener dans le peloton. Malgré leurs efforts, elle débourse 1 min 48 sur la grande gagnante du jour, Marianne Vos, et 1 min 10 sur le peloton. De quoi déjà hypothéquer ses chances d’un podium final.
« On a vu une équipe solidaire à ce moment-là mais on est tombés au plus mauvais moment », décrypte le manager de l’équipe. « Il aurait fallu que la chance soit de notre côté mais ça n’a pas été le cas aujourd’hui. »
Même Évita Muzic, la seule des coureuses de l’équipe restée dans le peloton, se voit contaminée par la guigne de l’équipe. Elle chute à son tour dans le final de l’étape mais sera heureusement repêchée dans les temps du peloton, l’incident s’étant produit dans les trois derniers kilomètres.
À l’arrivée, c’est évidemment la soupe à la grimace qui prédomine. Les coureuses filent rapidement vers leur car tandis que Stephen Delcourt assure la communication de crise de l’équipe.
« La priorité, c’est la santé de Marta. On va s’assurer qu’elle va bien. On va s’assurer que tout le monde va bien. On a une équipe de championnes capables de rebondir », répète-t-il à l’envi. « On va analyser et voir si les objectifs vont changer. On a encore six étapes pour réussir notre Tour en marquant l’Histoire. »