Dix ans après la tentative avortée du groupe Marie Claire avec l’Américain Hearst, propriétaire de la marque, Prisma Media a choisi de lancer son nouveau magazine à la veille de la Fashion Week de Paris (du 27 février au 7 mars): 10 numéros par an, à 4,90 euros l’unité et un premier tirage à 150.000 exemplaires.
Voici l’une des couvertures de Harper’s Bazaar France, lancé ce jeudi 23 février par le groupe Prisma Media. Crédit: Harper’s Bazaar
Ambition: « Ramener le magazine à son rôle originel de défricheur de tendances dans l’art, la culture et la mode, dit Claire Léost, présidente de Prisma Media. Voire devenir le nouveau flagship de la marque dans le monde. »
Claire Leost, présidente de Prisma Média.
La version américaine ayant quelque peu déserté ce territoire, ces derniers temps, pour des sujets plus wokistes, la place est en effet à prendre. En France, le ticket promet d’être cher. Côté éditorial, « Bazaar » a tout à fait sa place aux côtés d’Elle (283.000 exemplaires) et de Marie Claire (180 000), deux titres récemment qualifiés d’information politique et générale (IPG), aux lignes plus militantes et engagées; du supplément Madame Figaro (385.000), et surtout de Vogue (79.000), autre monument de la presse féminine, dont l’éditeur Condé Nast tend désormais à tayloriser beaucoup de contenus à travers le monde.
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Olivier Lalanne, ex-Vogue, pilote la rédaction du « Bazaar » 100% made in France, composée d’une petite vingtaine de CDI. L’arrivée de ce nouveau titre aurait d’ailleurs incité Condé Nast à rapatrier et à relancer des productions parisiennes. Harper’s Bazaar, de son côté, ne s’interdit pas de monétiser certains de ses contenus, en les revendant à d’autres éditions du magazine.
Un segment publicitaire ultra-convoité
Côté publicitaire, le nerf de la guerre, la bagarre sera rude. D’autres titres lorgnent le haut de gamme: les suppléments weekend du Monde et des Echos; le mensuel littéraire du JDD… Si le luxe se porte bien, il est un annonceur devenu très exigeant, et très friand d' »écrins » et de formats publicitaires exclusifs.
Le premier numéro du « Bazaar » compte 100 pages de pub sur 300. La licence inclut print, digital, social, mais aussi l’évènementiel. De quoi se montrer créatif en régie. Ainsi Louis Vuitton, en plus de ses shootings sur papier glacé, habillera le nouveau site pendant un mois.
« Vincent Bolloré s’est visiblement donné les moyens pour ce lancement », dit un acteur du secteur. Et du temps, surtout: avec 60.000 exemplaires visé en rythme de croisière, dont un tiers par abonnement, et la moitié des recettes en digital, « Bazaar » se donne deux à trois ans pour être rentable.