Le gaz carbonique (CO2) a beau être surabondant dans l’atmosphère, il est de plus en plus ardu de s’en procurer, la faute notamment à l’envolée du prix du gaz naturel indispensable à sa fabrication. Cette pénurie se fait entre autres sentir dans l’agro-alimentaire, où il est indispensable pour la conservation des aliments et pour gazéifier les boissons.
Le gaz carbonique est produit à partir d’ammoniac, qui est une combinaison d’azote et d’hydrogène provenant du gaz naturel. L’envolée des prix est liée à la situation géopolitique qui fait exploser ceux du gaz naturel, a expliqué dans La Matinale lundi Clément Maclou, gestionnaire d’un fonds dédié à la nutrition à la banque ODDO BHF. « Effectivement, le gaz naturel représente le 80% du coût de l’ammoniac », confirme-t-il.
En raison de cette hausse, plusieurs usines stoppent leur production, car l’affaire n’est plus rentable. Du coup, ceux qui dépendent de ce produit sont à leur tour en difficulté. Ainsi, l’américain CF Industries, qui produit 60% du CO2 britannique en tant que sous-produit de la production d’engrais, a fermé des sites au Royaume-Uni.
Sodas et brasseurs touchés
Ce gaz est évidemment indispensable pour les boissons pétillantes. Mais pour les brasseries également, le CO2 est indispensable, affirme Reto Enger, cofondateur de la brasserie Docteur Gab’s. « Une partie du gaz carbonique est produite pendant la fermentation grâce aux levures, mais ça ne suffit pas pour rendre la bière réellement pétillante, il faut y ajouter du gaz carbonique. »
Pour l’heure, Docteur Gab’s n’est pas confrontée à des difficultés d’approvisionnement, mais une menace plane sur les prix, selon le brasseur. « Le fournisseur a annoncé des hausses pour la fin de cette année, mais on ne connaît pas encore le niveau de cette hausse », prévient-il.
La situation du producteur vaudois est toutefois moins difficile que celle de nombreux brasseurs européens contraints de diminuer leurs productions à cause de la pénurie de CO2.
>> Ecouter aussi le reportage de La Matinale dans la brasserie de Docteur Gab’s:
Des alternatives recherchées
Résultat, des alternatives sont activement recherchées, par exemple le captage et la réutilisation du CO2. C’est aussi l’objectif que s’est fixé Reto Engler. Pour lui, cette opération est également un plus pour l’environnement. « Lors de la fermentation, du gaz carbonique s’échappe, mais actuellement il n’est pas récupéré. C’est l’une des pistes étudiées pour l’avenir, si possible pour l’année prochaine, de pouvoir capter ce CO2 et du coup être autosuffisant, ou en tous cas d’utiliser moins de CO2 externe », annonce-t-il.
Reste que dans l’industrie, le gaz carbonique a de nombreux usages: la conservation des aliments, la glace artificielle et même l’étourdissement des animaux avant l’abattage. Dans ces secteurs, la pénurie complique aussi sérieusement la donne.
Propos recueillis par Katja Schaer
Adaptation web: Miroslav Mares