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LausanneLe gymnase vaudois se fera en quatre ans d’ici dix ans
Le Canton s’est plié à la volonté de Berne: les études seront allongées d’une année. Les défis et les divisions sont légion.
«Le Conseil d’État regrette une perte d’autonomie dans la durée des études gymnasiales.» C’est en ces termes que les autorités vaudoises ont communiqué jeudi leur réponse à une consultation fédérale portant sur les maturités. En effet, face à la volonté des hautes écoles et de la Confédération d’harmoniser les pratiques et vu qu’à quelques exceptions près, dont Neuchâtel et le Jura, tous les cantons suisses ont déjà franchi le pas, le gouvernement accepte à contrecœur d’allonger à quatre ans la durée du gymnase, contre trois ans à l’heure actuelle.
«Le Conseil d’État n’est certes pas favorable à l’allongement des études, mais il est conscient qu’une opposition de principe à cette harmonisation ferait courir le risque de voir les titres obtenus par les Vaudois non reconnus pour entrer à l’université ou dans les hautes écoles», justifie le Conseil d’État. Cette modification devrait entrer en vigueur dans dix ans, soit pour les étudiants qui commenceront le gymnase en 2032 et le termineront en 2036.
Réduire l’école ou ne pas la réduire, telle est la question
Pour la mise en œuvre de la réforme, deux pistes sont en ballottage: 10 + 4 et 11 + 4. Chacune a ses avantages. Réduire à dix ans la scolarité obligatoire, option soutenue par la droite (lire encadré), permettrait de ne pas faire exploser la demande en salles de classe et enseignants, des ressources dont le canton manque déjà cruellement. Et l’entrée des étudiants sur le marché du travail ne serait pas retardée d’une année. En revanche, ajouter une année de gymnase supplémentaire, sans réduire l’école obligatoire, option soutenue par la gauche (lire encadré), devrait permettre de diminuer le taux de redoublement – actuellement 40% des élèves terminent déjà le gymnase en quatre ans – et faciliter l’accès à de hautes études à davantage de jeunes.
Les débats politiques à venir s’annoncent donc houleux, mais le Conseil d’État voit néanmoins un peu de positif dans cette décision. «Cette révision offre aussi l’occasion d’améliorer l’orientation et la transition entre l’école obligatoire et postobligatoire, en donnant un nouvel élan à la formation professionnelle», estime-t-il.
«On pourra mettre notre patte»
Pour Florence Bettschart-Narbel, députée et vice-présidente du PLR Vaud: «Le vrai problème, finalement, c’est qu’on passe par-dessus l’autonomie des cantons. On sent bien dans la réponse du Conseil d’État qu’il n’avait pas vraiment le choix vu la position de la Confédération. Nous aurions préféré une réponse plus nette en défaveur du gymnase en quatre ans. Le fait est qu’on ne nous a pas démontré les avantages d’une année de plus et nous n’avons pas de vision sur ce que ça va coûter. Mais le plus important reste à venir. Pour l’heure, le Canton a juste communiqué sa réponse à une consultation fédérale. On est encore dans un processus très en amont.» Interrogée sur la position de Frédéric Borloz, à la fois conseiller d’État chargé de l’enseignement et membre du PLR, l’élue rétorque: «Entre quelqu’un qui est au gouvernement et le parti, on peut ne pas être toujours d’accord. Peut-être que dans les longs travaux parlementaires qui s’annoncent, c’est là qu’on pourra mettre notre patte. En tout cas, on espère une certaine écoute.»
Les connaissances avant l’argent
La députée socialiste Carine Carvalho signale pour sa part: «Je salue cette volonté de garantir l’accès des étudiants vaudois aux hautes écoles et de valoriser toutes les filières, professionnelle et gymnasiale. C’est une très bonne chose. Mais avant de parler de constructions et de finances, j’aurais aimé connaître l’impact des différentes solutions envisagées sur le plan d’études, sur les élèves et les enseignants. Si passer au gymnase en quatre ans, c’est sacrifier une année d’école obligatoire et rendre plus restrictif l’accès au gymnase, ce n’est pas une solution. D’ailleurs, trois ans, c’est peut-être trop court. Il y a une raison si 40% des élèves terminent le gymnase en quatre ans. Il faut avant tout garantir les conditions de réussite des élèves. Les vrais enjeux seront le temps pour la mise en œuvre et le comment nous adapter au nouveau cadre.»
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