Une semaine après avoir plaidé coupable de trois meurtres, René Kègle a été condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 20 ans et les proches des victimes ont pu faire entendre des témoignages poignants au palais de justice de Trois-Rivières.
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D’une suggestion commune, acceptée par la juge Raymond W. Pronovost, René Kègle devra purger 20 ans de pénitencier avant d’être éligible à une libération conditionnelle, pour les meurtres d’Ophélie Martin-Cyr, de Steve Lamy et de Jean-Christophe Gilbert.
C’est un peu plus que ce que la défense aurait souhaité, et un peu moins que la Couronne espérait obtenir. Cette décision a été prise en consultant les familles des victimes.
«C’est l’offre que la défense nous a proposée et qui semblait convenir malgré tout aux familles», explique le procureur de la Couronne, Me Benoit Larouche. De son côté, l’avocate de la défense, Me Anne-Sophie Bédard, assure que son client est satisfait de la suggestion qui a été faite.
Devant le juge, les proches ont pu s’adresser directement à René Kègle.
Après que la poursuite eut décrit les blessures qui ont été infligées à Ophélie Martin-Cyr au moment de son meurtre, son père, Mario Cyr, s’est levé de sa chaise.
Épris de colère, il s’est écrié «regarde-moi, gros chien» à l’accusé qui avait la tête basse et le regard au sol.
La sœur de Steve Lamy a aussi livré son témoignage.
«Tu m’as détruite, tu m’as enlevé une partie de moi-même», a-t-elle dit.
Ensuite, au nom de cousins et cousines de Steve Lamy, elle a ajouté «Toi qui as des enfants, peux-tu imaginer perdre un de tes enfants de la même façon que tu as supprimé Steve?».
Son témoignage était parsemé de sanglots, et les paroles semblaient parfois difficiles à prononcer.
L’ex-conjointe de Steve Lamy, et la mère de son fils s’est aussi adressée au tribunal.
Comme la sœur de Steve Lamy, le témoignage a été difficile, et ponctué de pleurs.
À plusieurs reprises, René Kègle s’est essuyé les yeux avec les mains.
Il hochait parfois de la tête, et semblait très attentif à ce que les proches avaient à dire.
Pour les familles, même si l’émotion est encore vive, il n’était pas question de vengeance.
«Ça a un impact important le fait de rappeler, sur sentence, des différentes tragédies. C’étaient des gens qui, lors de leur rencontre, ont montré une très, très grande résilience, j’ai rarement vu ça», a dit Me Larouche.
Selon la défense, l’accusé avait l’intention de plaider coupable depuis un long moment.
Toutefois, comme il ne garde aucun souvenir des événements d’octobre 2018, des précautions devaient être prises.
«C’est ce qui explique le long délai parce que M. Kègle, comme je l’ai exprimé tout à l’heure, il se sent honteux, il a des remords, il a des regrets et il ne voulait pas que les familles des victimes aient à subir un procès», fait voir Me Bédard.
Il a aussi été révélé que René Kègle a tenté de s’enlever la vie avant le début du premier procès.
C’est d’ailleurs ce qui a retardé le procès d’une semaine.
Informé de la situation, un cousin de Steve Lamy lui dit «s’il te plaît, ne fais pas ça. Vis avec tes cauchemars comme nous.»
En quelques phrases, René Kègle s’est excusé aux familles, particulièrement à Mario Cyr et à Joëlle Lamy, qui étaient présents dans la salle d’audience.
Il souhaite qu’un jour, les proches de ses victimes se portent mieux.
Pour les membres des familles, ce dénouement leur permettra de commencer à mettre toute cette histoire derrière eux.