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À Tunis, des milliers de personnes ont participé samedi à des manifestations, organisées par des partis d’opposition. Les manifestants ont réclamé le départ du président Kaïs Saïed, plus d’un an après qu’ils se soit octroyé la quasi-totalité des pouvoirs. Ils ont également protesté contre la vie chère, dans un pays englué dans une grave crise économique.
Des milliers de Tunisiens ont manifesté, samedi 15 octobre, à Tunis pour dénoncer les politiques du président Kaïs Saeïd qu’ils accusent d’être responsable de la grave crise économique dans le pays, marquée par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation.
Menés par le Front de salut national, une coalition de partis d’opposition dont fait partie la formation d’inspiration islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président.
« Va-t-en, va-t-en », « Révolte contre Kaïs le dictateur », « le peuple veut limoger le président », ont scandé les protestataires.
La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100 % de son PIB et incapable d’emprunter sur les marchés internationaux, est en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d’environ deux milliards de dollars.
Cette crise financière s’est traduite ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café..) dans un contexte d’inflation galopante (près de 9 % en août sur un an).
Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis 10 ans, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante.
Pauvreté, chômage et crise politique
Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Saïed qui s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.
« Cette manifestation reflète la colère face la situation en Tunisie sous Kaïs Saïed et appelle à son départ », a dit à l’AFP l’ancien Premier ministre Ali Laarayedh, vice-président d’Ennahdha.
« Si le pouvoir politique actuel persiste, il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse », a-t-il ajouté.
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Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d’opposition anti-islamiste.
Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d’achat. Souad, une retraitée, accuse le président Saïed de « n’avoir rien fait ». Selon elle, la situation n’a fait qu’empirer » depuis son arrivée au pouvoir en 2019.
Environ 1 500 personnes ont pris part à la manifestation organisée par le Front de salut national, alors que celle menée par le PDL a rassemblé près de 1 000, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Intérieur.
Avec AFP