Il est arrivé en Australie avec un statut de favori pour les championnats du monde sur route. Mais le cycliste néerlandais Mathieu van der Poel devra finalement répondre devant la justice australienne d’agression contre deux adolescentes.
Arrêté par la police samedi 24 septembre soir avant d’être libéré dimanche au petit matin, le Néerlandais a bien pris le départ de la course en ligne des Mondiaux à Wollongong, l’épreuve reine. Mais il a mis pied à terre au bout d’une trentaine de kilomètres seulement, à bout de forces et « détruit mentalement ».
Selon Christoph Roodhooft, le manageur de son équipe professionnelle Alpecin-Deceuninck, le multiple champion du monde de cyclocross n’a « pas dormi de la nuit », après un incident qui s’est produit samedi soir dans l’hôtel des Néerlandais à Brighton-Le-Sands, dans la banlieue sud de Sydney, révélé par la chaîne flamande Sporza.
« J’en avais marre »
« Vers 22 h 40 samedi, un homme a été impliqué dans une altercation verbale avec deux adolescentes de 13 et 14 ans dans un hôtel de Brighton-Le-Sands », a fait savoir la police dans un communiqué à l’Agence France-Presse (AFP), sans dévoiler, comme à son habitude, l’identité de van der Poel.
« Selon les faits présumés, il aurait poussé les deux adolescentes, l’une tombant au sol et l’autre étant projetée contre un mur, lui causant une petite égratignure au coude », détaille le texte. « La direction de l’hôtel a été notifiée et a ensuite appelé la police » et « un homme âgé de 27 ans a été arrêté peu après », avant d’être « emmené au commissariat de Kogarah », où il a été « inculpé pour deux cas d’agression », a ajouté la police.
Remis en liberté sous caution, van der Poel, dont le passeport a été saisi par les autorités, doit désormais comparaître devant le tribunal de Sutherland mardi.
Au départ de la course en ligne, van der Poel n’a pas nié l’incident. « Oui c’est vrai, il y a eu une petite dispute », a-t-il dit à des journalistes. « J’ai voulu me coucher tôt hier soir, mais il y avait plein d’enfants dans le couloir de l’hôtel qui n’ont pas arrêté de frapper à ma porte. Au bout d’un moment, j’en avais marre. Je leur ai dit, de manière pas très sympathique, d’arrêter. C’est alors que la police a été appelée et m’a emmené » au poste, a-t-il raconté.
Coup de tonnerre dans le peloton
« Mathieu est allé se coucher à 21 heures, et à minuit il y avait toujours du bruit. Des enfants jouaient dans le couloir et frappaient contre sa porte. Il est sorti pour leur dire d’arrêter, mais visiblement pas de la bonne manière », a déclaré Christoph Roodhooft, interrogé par la presse.
Revenu dans sa chambre « à quatre heures du matin », van der Poel n’a ensuite pas fermé l’œil de la nuit, selon le manager de son équipe. « Ce n’est certainement pas idéal, c’est même un désastre, mais je ne peux rien y faire. Je vais faire de mon mieux », a déclaré le coureur avant de prendre le départ. Il a abandonné très tôt dans la course, avant de s’engouffrer dans un SUV blanc, sans dire un mot.
Le coup de tonnerre a secoué le peloton. « Quoi ? Il m’a dit bonjour au départ ! », a lancé le double tenant du titre Julian Alapahilippe à son sélectionneur, Thomas Voeckler, quand celui-ci s’est porté à sa hauteur pendant la course pour lui apprendre que van der Poel avait « bâché ».
« Il est très déçu, il est détruit mentalement », a rapporté Christoph Roodhooft. « Il avait beaucoup d’ambitions pour cette course. Il montait en puissance depuis deux mois et avait retrouvé la joie de courir après son Tour de France difficile. » Mais plutôt que sur un potentiel podium, l’avenir de Mathieu van der Poel se jouera mardi devant le tribunal.