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ValaisDes scouts à perte de vue dans un joyeux brouhaha
Jeux, vélos, tentes et foulards: la visite du camp fédéral Mova, qui regroupe 30’000 enfants, donne le tournis.
L’expérience, pour qui tente de parcourir les plus de 3 kilomètres du terrain du camp scout fédéral «Mova» installé dans la vallée de Conches jusqu’au 6 août, est déjà une aventure en soi. «On dirait le campement de la coupe du monde de quidditch dans Harry Potter», évoque un spectateur, soufflé. En effet, plutôt que des alignées de tentes à la Moonrise Kingdom, on les trouve plantées par quartiers, entre un enchevêtrement de tours en bois et de structures diverses en toile militaire, le tout surplombé de drapeaux de cantons ou d’insignes scouts variés.
Au milieu, des chemins goudronnés datant de l’ancien aérodrome militaire croisent des allées faites d’un pavage en bois pour éviter la boue et protéger le sol. On y rencontre une foule bigarrée et excitée, en uniformes et déguisements aux couleurs infinies, qu’on pourrait regarder passer pendant des heures. «Haben Sie Knöpfel?» demande de façon pressante un garçon, montrant dans sa main les boutons qu’il recherche en nombre pour un jeu. Plus loin, nouvelle sollicitation, puisque ici tout le monde parle à tout le monde: «What is besser, Messi oder Ronaldo?» questionne un ado survolté. Ayant obtenu réponse, il coche avec enthousiasme «Drei mal Messi!» à son décompte. La barrière de la langue ne tarde visiblement pas à être contournée quand les enjeux sont importants. «On a choisi de mélanger les langues pour certaines activités sportives qui ne nécessitent pas trop de parler», sourit le responsable du programme Antoine Biland.
En suivant un groupe de louveteaux, dont le chef promène de la musique avec une enceinte accrochée à son sac à dos, le visiteur prendra garde aux multiples vélos (il y en a 800, les seuls véhicules autorisés dans le camp) dont plusieurs tirent des remorques dans lesquelles on trouve des victuailles, du matériel ou… d’autres scouts. Cette errance entre jeux géants et zones de détente mènera peut-être sur la «place du village», où se trouvent tous les services nécessaires: urgences, Poste, commissariat, Migros, tente de douche (accessible à de rares créneaux), stands de sponsoring et même un restaurant pour les quelque 2000 visiteurs quotidiens. Une vitrine réussie pour ce mouvement de jeunesse qui rassemble plus de 50’000 membres à travers le pays, dont 35’000 auront fait un passage au camp fédéral.
Ne laisser que des bonnes traces
Passer de 2000 à 32’000 habitants dans la région ne se fait pas sans une bonne planification. Si les responsables du camp tentent de minimiser l’impact sur le terrain, ils espèrent aussi que l’infrastructure du «Mova» profite aux locaux. «Nos ambulances ne sont intervenues qu’une seule fois pour l’instant, et ce n’était pas pour un scout, mais pour un habitant», raconte la porte-parole Martina Schmid. L’hôpital du camp dispose d’ailleurs d’un bloc opératoire sommaire et d’équipements à ultrasons et de radiographie à la disposition des locaux, qu’ils devraient sinon aller chercher à Brigue. «Les premières années d’organisation ont consisté à discuter avec la population pour bien comprendre leurs craintes et leurs besoins. Pour l’instant, ils ont l’air contents.»
Les contacts ont été si forts qu’un ancien scout a quitté l’organisation du camp pour devenir directeur de l’Office du tourisme local. Les retombées seront d’ailleurs sûrement importantes pour la vallée de Conches, qui voit affluer 2000 journalistes, parents et visiteurs chaque jour pendant deux semaines.
Près de 5000 bénévoles un peu ou beaucoup plus âgés sont présents pour donner des coups de main pour monter, encadrer, soutenir ou démonter le camp. La plupart sont d’anciens scouts venus mettre à profit leur temps et leurs compétences. Un certain nombre de structures n’ont d’ailleurs été possibles que grâce à des gens formés professionnellement, comme dans la construction ou l’ingénierie. «On a par exemple eu l’aide d’un ancien chef pour poser notre réseau de conduites d’eau potable et d’eaux usées, car c’est son métier», rapporte Martina Schmid. D’autres ne verront pas grand-chose du camp, terrés dans l’école de Münster mise à disposition pour la gestion de la logistique.