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« Un reggae man qui ne s’intéresse pas à la politique devrait faire du zouk ! »

« Un reggae man qui ne s’intéresse pas à la politique devrait faire du zouk ! »


Tiken Jah Fakoly, au restaurant Le Coq noir, à Clichy (Hauts-de-Seine), le 29 septembre 2022.

Pendant son quart d’heure de retard réglementaire propre à toute star internationale qui se respecte, on a eu le temps d’imaginer le style du jour du bonhomme. Viendrait-il paré d’un boubou traditionnel tissé en coton ouest-africain ou habillé d’une de ses tenues militaires favorites ? Arborerait-il le trio coloré vert-jaune-rouge, symbole du rastafarisme, en collier de billes d’argile ou sur un patch brodé représentant l’Afrique ?

Raté. Ce jeudi 29 septembre, le roi du reggae africain a laissé ses clichés au placard de son hôtel fétiche, planté au bout d’une avenue clichoise. La capuche sur la tête et les dreadlocks rebelles qui dépassent, Tiken Jah Fakoly franchit les portes du Coq noir, un restaurant franco-camerounais de Clichy (Hauts-de-Seine), vêtu d’un survêtement gris. Tout juste distingue-t-on trois touches de vert, jaune et rouge sur son tee-shirt blanc siglé « Fakoly Vibes ».

« Grande sœur ! Comment vas-tu ? », lance-t-il à la patronne avant de s’installer au fond de la salle, à côté de l’espace réservé aux concerts et des cuisines où l’on sert le traditionnel ndolé camerounais – un plat à base de feuilles et d’arachides –, ou encore des poulets et poissons braisés accompagnés de l’incontournable attiéké ivoirien, « comme à la maison ».

Serveurs, barmans et clients ne se retournent pas sur le passage du « Jah » (nom donné à Dieu dans la culture rastafarie). Ici, le chanteur ivoirien de 54 ans est un peu chez lui. « Je suis un des premiers clients du Coq, depuis plus de quinze ans », s’enorgueillit-il, en attendant l’arrivée de la tournée que « L’Epoque » comptait payer. Encore raté, l’attaché de presse de Wagram Music, qui suit Fakoly à la trace depuis le début de la promotion de son nouvel album (Braquage de pouvoir, dans les bacs le 4 novembre), nous a doublé.

La nostalgie de l’exilé

Un jus de gingembre pour lui, un de bissap pour nous. Quand son large verre arrive, Tiken Jah fredonne Petit pays de la chanteuse cap-verdienne Cesaria Evora. Une ode à la nostalgie de l’exil qu’il susurre en commençant à s’abreuver, lui qui fut contraint de quitter son pays natal pour le Mali voisin en 2002 après avoir été menacé de mort en raison de son accointance, non avérée, avec la rébellion qui secouait le nord de la Côte d’Ivoire, où il est né.

« Ma mission est de démonter les manipulations des hommes politiques et d’éveiller les consciences »

Dans son premier album Mangercratie (1996), comme dans Cours d’histoire (1999), Tiken Jah Fakoly se positionne contre l’ivoirité, un concept agité par les politiques de l’époque et qui a servi à marginaliser les immigrés ouest-africains comme les communautés du nord du pays. « Ma mission est de démonter les manipulations des hommes politiques et d’éveiller les consciences du peuple », raconte-t-il, un brin messianique.

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