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un rapport du Sénat dénonce « l’enfer du décor »

un rapport du Sénat dénonce "l'enfer du décor"


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« Porno : l’enfer du décor » – c’est le nom du rapport parlementaire rendu public mardi et réalisé à l’initiative de quatre sénatrices qui appellent le gouvernement à lutter contre les dérives de l’industrie du porno. Ce document intervient alors que le milieu français dit « amateur » est secoué depuis deux ans par plusieurs enquêtes judiciaires, l’une visant « Jacquie et Michel », l’autre la plateforme « French Bukkake ».

Mieux contrôler le porno en France : c’est l’objectif de quatre sénatrices. « Violences systémiques », femmes « exploitées », mineurs trop facilement exposés à des contenus traumatisants : le gouvernement doit mener la charge contre les dérives de l’industrie du porno, plaident les autrices d’un rapport sénatorial dévoilé mardi 27 septembre.

La lutte contre ces violences doit devenir une « priorité de politique publique et pénale », plaident les sénatrices Annick Billon (UDI), Alexandra Borchio Fontimp (LR), Laurence Cohen (PCF) et Laurence Rossignol (PS) dans ce rapport intitulé « Porno : l’enfer du décor », et adopté par la délégation aux droits des femmes du Sénat.

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Depuis l’apparition, au milieu des années 2000, des grandes plateformes internet comme PornHub ou Xvideos, la diffusion du porno est devenue massive, ce qui a « contribué à la recrudescence de contenus de plus en plus ‘trash’ et violents, sans aucun contrôle ni considération pour les conditions dans lesquelles ces contenus sont produits », dénoncent les autrices.

>> Voir notre reportage : « Pornographie : quelle influence sur les adolescents ? »

« Les producteurs ne craignent pas d’exploiter la vulnérabilité économique et psychologique de femmes jeunes, voire très jeunes, et de réaliser des tournages dans des conditions déplorables », ajoutent-elles.

Face à des productions « qui atteignent le paroxysme de la violence », la société doit réagir en renforçant la répression pénale contre les responsables de cette industrie, en « favorisant l’émergence de plaintes des victimes » et en imposant aux plateformes de supprimer gratuitement les vidéos lorsque les femmes en font la demande, préconisent les élues.

Actuellement, lorsqu’une femme abusée demande la suppression d’une vidéo dans laquelle elle apparaît, les producteurs lui réclameraient entre 3 000 et 5 000 euros, « soit dix fois plus que la rémunération obtenue pour la scène tournée », pointe le rapport.

Les sénatrices formulent par ailleurs plusieurs propositions pour empêcher les mineurs d’accéder au porno sur Internet, une précaution qui s’impose en théorie aux diffuseurs mais qui, dans les faits, n’est pas appliquée.

Plusieurs enquêtes en cours

L’Arcom (ex-CSA) doit voir ses pouvoirs renforcés pour imposer des amendes « dissuasives » aux sites porno accessibles aux mineurs, et le gouvernement doit imposer le « développement de dispositifs de vérification d’âge » et « mener une campagne de communication autour des dispositifs de contrôle parental ».

Alors que deux tiers des jeunes de moins de 15 ans ont déjà eu accès à des images porno, la lutte doit aussi passer par l’éducation, estiment les parlementaires, pour qui la « marchandisation des corps » et la pornographie devraient être abordés dans les établissements scolaires, dans le cadre de séances d’éducation à la vie sexuelle et affective.

Ce rapport parlementaire survient alors que le milieu du porno français dit « amateur » est secoué depuis deux ans par plusieurs enquêtes judiciaires, l’une visant « Jacquie et Michel », et l’autre la plateforme « French Bukkake ». Trois acteurs et un réalisateur ont été placés en garde à vue mardi dans cette dernière enquête, pour traite d’êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé.

>> À voir aussi : « Quand l’empire du porno vacille »

« Ces procédures judiciaires révèlent au grand jour la barbarie, la violence, la haine sexiste et raciste de l’industrie pornographique française », a commenté dans un communiqué un collectif d’associations féministes, qui a salué le « rapport fondamental » du Sénat.

Au vu des plaintes déposées par des femmes victimes, « plus personne ne peut parler d’art ou de cinéma », ont ajouté ces associations.

Pour Grégory Dorcel, patron du géant du porno du même nom, la nécessaire défense des victimes ne doit pas conduire à une « généralisation abusive » ou à une « caricature ».

« Les victimes doivent être crues et entendues, et la justice doit faire son travail. Mais attention aux amalgames entre des criminels, qui doivent être poursuivis, et l’industrie porno dans son ensemble », a dit à l’AFP Grégory Dorcel, qui met en garde contre les positions « abolitionnistes » et suggère de réfléchir à la création du métier « d’agent » pour les acteurs du X.

« Tout le monde doit travailler ensemble pour faire avancer les choses », par exemple via l’instauration de chartes déontologiques ou de dispositifs pour faciliter le signalement des violences, soutient ce responsable.

Avec AFP

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