Un chauffard qui a frappé mortellement un motocycliste sous les yeux de son épouse, alors qu’il avait bu et manipulait son cellulaire, a écopé d’une sentence de 3 ans et demi de prison.
« Le tribunal considère qu’il s’agit d’une peine appropriée pour rencontrer les objectifs de dénonciation et de dissuasion », a lancé vendredi la juge Kathlyn Gauthier, après avoir prononcé la peine de Frédéric Papillon, au palais de justice de Saint-Jérôme.
L’ex-camionneur de 51 ans avait préalablement plaidé coupable de conduite avec un taux d’alcool dans le sang supérieur à la limite légale et ayant causé la mort de Marcel Aubry, le 1er août 2020.
Ce jour-là, la victime de 52 ans profitait d’une belle journée pour se balader en moto avec son épouse. Ils soulignaient ensemble la fête de cette dernière, sur la route 335, à Saint-Calixte, dans Lanaudière.
Vers 14 h 45, Papillon circulait en sens opposé à bord d’une voiture de marque Mazda, quand il a dévié dans la voie inverse.
Il a percuté de plein fouet le motocycliste, qui n’a pas survécu.
Huit appels
Sur place, le chauffard sous le choc répétait : « C’est ma faute. »
Après avoir consommé toute la nuit, Papillon avait bu deux autres boissons alcoolisées avant de prendre le volant. Sans surprise, il a échoué à l’alcootest.
Une analyse de son cellulaire a aussi permis de démontrer qu’il avait pris part à huit appels dans les minutes précédant l’impact.
D’après la preuve, il n’utilisait pas un système « mains libres » dans son véhicule.
Il échangeait alors au sujet de ses relations familiales tendues et ses démêlés judiciaires, tout en frappant sur le tableau de bord.
« À cause de mes excès de rage, j’ai mal tenu le volant », aurait admis Papillon à un intervenant.
Il reconnaît aussi que les appels ont contribué à l’accident et constituaient une distraction, a dit la juge.
Celle-ci a souligné le laxisme, la témérité et la grande irresponsabilité de Papillon.
Dans le mois précédent, le drame, l’ex-camionneur avait écopé de deux contraventions pour excès de vitesse.
La poursuite s’est réjouie de la peine, qui se situe dans la moyenne des décisions rendues en pareilles circonstances.
« C’est un jugement qui était clair, on devait dénoncer ce fléau au Canada », a commenté Me Juliette Gauthier-Soucy.
Vies gâchées
Selon la procureure de la Couronne, l’épouse de la victime est soulagée que le dossier se termine, et semblait satisfaite.
Dans une lettre adressée à la cour, Papillon a confié avoir gâché le reste de sa vie et celle des proches de M. Aubry.
À sa sortie de prison, il lui sera interdit de conduire pour une période de 4 ans, « afin de protéger la société », a précisé la magistrate Gauthier.
« Bonne chance, monsieur », a-t-elle souhaité à l’homme qui semblait nerveux, vendredi, avant de quitter la salle avec sa valise.