Elysée Ade, un Franco-Béninois de 53 ans, est soupçonné d’avoir exercé son emprise, entre 2009 et 2015, sur 22 personnes.
Le parquet a requis ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont un ferme, contre un homme soupçonné d’être un gourou et jugé pour « abus de faiblesse » et « agression sexuelle ».
La représentante du ministère public a évoqué des « faits graves, qui ont duré longtemps et où les victimes sont nombreuses ». « Il n’y a rien dans les déclarations d’Elysée Ade à l’audience qui me rassure sur les risques de réitération, au contraire », a-t-elle ajouté, demandant que la partie ferme de la condamnation soit assortie d’un mandat de dépôt.
Vingt-deux victimes
Elysée Ade, un Franco-Béninois de 53 ans, est soupçonné d’avoir exercé son emprise, entre 2009 et 2015, sur 22 personnes via des séances de thérapie ou des « cercles d’éveil » mélangeant théories du complot et préceptes new age, et en organisant avec des femmes des ateliers devant leur faire découvrir leur « énergie sexuelle ».
Elysée Ade avait mené une de ces séances avec un sex-toy sur une plaignante alors vierge. Se présentant comme un autodidacte à succès dans l’informatique, le journalisme et le trading, l’homme a construit son groupe via des ateliers de kung-fu organisés gratuitement au début des années 2000 dans un parc du nord-est de Paris.
Au fil des ans se sont ajoutés des cours de taoïsme, des séances de thérapie et « cours d’éveil » sur fond de complotisme, mais aussi ces formations sexuelles durant lesquelles ils promettait aux femmes de devenir des FOX (Female Orgasm Xpert), capables d’atteindre « les huit portes orgasmiques ».
« Une intrusion dans tous les domaines »
Son emprise se serait étendue jusqu’à la vie privée de ses adeptes, puisqu’il aurait décidé de leurs lieux de vie, de leurs couples ou de leur poids. Il avait aussi créé une entreprise avec ces personnes, qui avaient apporté la majorité du capital mais dont il possédait 80% des parts et qui n’a jamais rien produit en dix ans.
Ses ennuis judiciaires avaient commencé au début des années 2010, suite au signalement d’un ancien adepte exclu pour avoir mis en doute la réalité des « chemtrails » (théorie selon laquelle les traînées d’avions sont la trace d’épandages chimiques illégaux).
La procureure a estimé que le prévenu avait « obtenu peu à peu » un « état de dépendance » chez ses adeptes, lui permettant « une intrusion dans tous les domaines, toute (leur) sphère intime ».
Elle a par ailleurs relevé le discours « identique » des témoins, pour la plupart des membres de ce que M. Ade présente comme son cercle amical. « Aucun n’est spontané, aucun n’est authentique. On perçoit la +pensée unique+ des témoins », a-t-elle noté.